La couverture controversée de Télérama du 1er août 2012 avec le titre provocateur, "Batman assassin ?"
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Réactualisation : Le magazine Télérama a publié sur son site officiel sa réaction quant à la polémique provoquée par sa couverture choc, "Batman assassin ?" : "Une question à laquelle notre dossier répond par la négative. Cette couverture, choisie aussi pour sa puissance graphique, pose la question de la ligne floue entre fiction et réalité que provoque aujourd'hui la multiplication des images sur tous les supports, et que souligne, de façon tragique, la tuerie d'Aurora, survenue lors d'une projection du film The Dark Knight Rises aux Etats-Unis. [...] Mais le débat n'est plus tant sur le contenu des images – la violence n'est pas l'apanage de la fiction et les blockbusters ne sont pas pousse-au-crime – que sur leur statut : des films de fiction hantés par le réel, la réalité qui imite, ou qui reproduit la fiction."
Le 1er août à 13h nous écrivions : Le dernier épisode du Dark Knight, menée par le réalisateur Christopher Nolan, a beau avoir dépassé les 500 millions de dollars de recettes mondiales, la trilogie est à jamais entachée par la fusillade d'Aurora dans le Colorado, perpétrée lors d'une séance du film le 20 juillet aux Etats-Unis. L'équipe a annulé toute la promotion prévue, par décence. Après l'émotion, des questions se posent. Comment un étudiant de 24 ans, vêtu du costume de Bane, méchant du dernier Batman, a pu en arriver là et tirer sur des spectateurs, tuant 12 personnes et en blessant 58 autres ? Le magazine Télérama a choisi de s'interroger sur ce drame en l'inscrivant dans un certain contexte. Un dossier qui fait la une de la revue, provoquant la colère, en raison de son titre : "Batman assassin ?"
Racolage
Une silhouette sombre et inquiétante, le mot "assassin" écrit en lettres rouge sang, indubitablement, Télérama provoque avec sa couverture. Divulguée sur sa page Facebook, cette une suscite une vague de mécontement que le site Puremedias.com a relevée : "Batman assassin ? = Télérama crétin ?", "Titre racoleur, on dirait du Paris Match ou du Nouveau Détective", "Bon au moins, avec une couv comme ça, on ne pourra pas vous confondre avec des journalistes"... Sur Twitter, nouvelles foudres des fans et des lecteurs, avec par exemple, "@telerama aurait titré 'Le criminel était fan de jeux vidéo' que ça aurait pas été pire :(", "Bah oui Télérama, c'est Batman qui a assassiné tous ces gens. Superman pouvait pas venir le contrer, il avait poney." Qu'elle soit critiquée ou défendue, la couverture a en tout cas le mérite de faire débat, au regard des centaines de commentaires sur le Facebook de Télérama depuis hier soir. Cette image fait aussi écho à une autre, la couverture de Libération le 25 juillet, "Batman, film catastrophe".
Réflexion
Cette fois, il n'est pas question de la colère viscérale de certains fans de Christopher Nolan qui n'aiment pas les remises en question - le site Rottentomatoes s'en souvient encore. On reproche à Télérama son racolage. Mais que dit l'enquête de la revue ? Contrairement à son image choc, ce dossier pose des questions : "Un divertissement trop réaliste ? Batman est-il réac ? La salle de cinéma, nouveau lieu du crime ? Le cinéma américain voit-il le 11-Septembre partout ? L'Irak une toile de fond ? L'image pousse-au-crime ?" A cette dernière interrogation, celle du titre finalement, la réponse est la suivante : "Si les films sont de plus en plus violents, si l'horreur à Aurora a surgi dans l'espace même dévolu à la fiction, un coup de feu transperçant l'écran n'a pas le pouvoir d'en déclencher un dans la salle." "L'image de la vertu ne rend pas vertueux, tout comme celle du crime ne rend pas criminel", résume la philosophe Marie-José Mondzain.
Un autre facteur que Télérama n'a pas non plus approfondi, c'est l'accès aux armes aux Etats-Unis. Le tireur fou, James Holmes, inculpé pour 142 charges, a pu se procurer légalement son arsenal. Parallèlement à la violence dans les films, aussi puissante soit-elle, il y a un autre débat sur les armes. Barack Obama a promis de "continuer à travailler" avec le Congrès pour parvenir à un "consensus" sur la façon de lutter contre la violence liée aux armes. Mais une promesse sera-t-elle suffisante pour un fléau - la suprématie des armes à feu - ancré dans la mentalité américaine ?
Provocation
L'enquête a été réalisée par trois journalistes, proposant un débat sur un phénomène de société qui mérite des mises en perspective étayées de réflexions d'intellectuels. S'il y a un accusé pour Télérama, ce sont plutôt de ces images "vomies par la tyrannie du direct" qui "déréalisent le monde" qu'il s'agit. Couverture racoleuse ou électrochoc destiné à faire réfléchir, il y a deux façons de voir cette image de Batman assassin. La provocation peut être saine, mais elle est parfois trop facile.
Le 1er août à 13h nous écrivions : Le dernier épisode du Dark Knight, menée par le réalisateur Christopher Nolan, a beau avoir dépassé les 500 millions de dollars de recettes mondiales, la trilogie est à jamais entachée par la fusillade d'Aurora dans le Colorado, perpétrée lors d'une séance du film le 20 juillet aux Etats-Unis. L'équipe a annulé toute la promotion prévue, par décence. Après l'émotion, des questions se posent. Comment un étudiant de 24 ans, vêtu du costume de Bane, méchant du dernier Batman, a pu en arriver là et tirer sur des spectateurs, tuant 12 personnes et en blessant 58 autres ? Le magazine Télérama a choisi de s'interroger sur ce drame en l'inscrivant dans un certain contexte. Un dossier qui fait la une de la revue, provoquant la colère, en raison de son titre : "Batman assassin ?"
Racolage
Une silhouette sombre et inquiétante, le mot "assassin" écrit en lettres rouge sang, indubitablement, Télérama provoque avec sa couverture. Divulguée sur sa page Facebook, cette une suscite une vague de mécontement que le site Puremedias.com a relevée : "Batman assassin ? = Télérama crétin ?", "Titre racoleur, on dirait du Paris Match ou du Nouveau Détective", "Bon au moins, avec une couv comme ça, on ne pourra pas vous confondre avec des journalistes"... Sur Twitter, nouvelles foudres des fans et des lecteurs, avec par exemple, "@telerama aurait titré 'Le criminel était fan de jeux vidéo' que ça aurait pas été pire :(", "Bah oui Télérama, c'est Batman qui a assassiné tous ces gens. Superman pouvait pas venir le contrer, il avait poney." Qu'elle soit critiquée ou défendue, la couverture a en tout cas le mérite de faire débat, au regard des centaines de commentaires sur le Facebook de Télérama depuis hier soir. Cette image fait aussi écho à une autre, la couverture de Libération le 25 juillet, "Batman, film catastrophe".
Réflexion
Cette fois, il n'est pas question de la colère viscérale de certains fans de Christopher Nolan qui n'aiment pas les remises en question - le site Rottentomatoes s'en souvient encore. On reproche à Télérama son racolage. Mais que dit l'enquête de la revue ? Contrairement à son image choc, ce dossier pose des questions : "Un divertissement trop réaliste ? Batman est-il réac ? La salle de cinéma, nouveau lieu du crime ? Le cinéma américain voit-il le 11-Septembre partout ? L'Irak une toile de fond ? L'image pousse-au-crime ?" A cette dernière interrogation, celle du titre finalement, la réponse est la suivante : "Si les films sont de plus en plus violents, si l'horreur à Aurora a surgi dans l'espace même dévolu à la fiction, un coup de feu transperçant l'écran n'a pas le pouvoir d'en déclencher un dans la salle." "L'image de la vertu ne rend pas vertueux, tout comme celle du crime ne rend pas criminel", résume la philosophe Marie-José Mondzain.
Un autre facteur que Télérama n'a pas non plus approfondi, c'est l'accès aux armes aux Etats-Unis. Le tireur fou, James Holmes, inculpé pour 142 charges, a pu se procurer légalement son arsenal. Parallèlement à la violence dans les films, aussi puissante soit-elle, il y a un autre débat sur les armes. Barack Obama a promis de "continuer à travailler" avec le Congrès pour parvenir à un "consensus" sur la façon de lutter contre la violence liée aux armes. Mais une promesse sera-t-elle suffisante pour un fléau - la suprématie des armes à feu - ancré dans la mentalité américaine ?
Provocation
L'enquête a été réalisée par trois journalistes, proposant un débat sur un phénomène de société qui mérite des mises en perspective étayées de réflexions d'intellectuels. S'il y a un accusé pour Télérama, ce sont plutôt de ces images "vomies par la tyrannie du direct" qui "déréalisent le monde" qu'il s'agit. Couverture racoleuse ou électrochoc destiné à faire réfléchir, il y a deux façons de voir cette image de Batman assassin. La provocation peut être saine, mais elle est parfois trop facile.