Rarement le blockbuster aura résonné avec une telle violence dans le cinéma américain. À cheval entre le pop-corn hollywoodien et la noirceur du film d'auteur, Christopher Nolan a décroché une place parmi les réalisateurs les plus en vue en l'espace de dix ans. Et si The Dark Knight Rises sonnera la fin spectaculaire de Batman, l'ultime épisode de sa trilogie lui permettra de monter au sommet de la pyramide hollywoodienne.
"Le monde ne cesse pas d'exister parce qu'on ferme les yeux"
Né sous la bonne étoile du cinéma indépendant, Christopher Nolan bricole un premier film mémorable sur un homme obsédé par des inconnus qu'il croise dans la rue. Écrit, réalisé, éclairé et monté par l'apprenti cinéaste, Following (1998) attire l'attention en festival. L'incroyable Memento (2000) transforme le coup d'essai en coup de maître en racontant une histoire de vengeance à l'envers, la chronologie tarabiscotée s'alliant parfaitement à la psychose d'un homme amnésique. Nommé aux Oscars au côté de son frère Jonathan pour le scénario, Christopher Nolan est bientôt courtisé par les studios.
Passé le tiède remake d'Insomnia (2002) avec Robin Williams et Al Pacino, démonstration de son savoir-faire purement académique, Nolan vend son reboot de l'homme chauve-souris avec le scénariste David Goyer au studio Warner Bros. Le massacre orchestré par Joel Schumacher est vite oublié, mais la véritable surprise vient de la réussite éclatante de Batman Begins (2005) comparée aux films de Tim Burton. The Dark Knight (2008) dépasse tous les espoirs, pulvérise les records au box-office et récolte des critiques unanimes. Le mythe Nolan est né.
"Why so serious ?"
À la manière de Tim Burton, Christopher Nolan s'est affranchi des contraintes du studio entre Batman Begins et The Dark Knight. Forcément abasourdie par le succès du premier film, la Warner a laissé carte blanche au réalisateur pour la suite, résolument plus noire et torturée que la norme. Avec la mort de l'héroïne et la victoire incontestable du Mal sur le héros, le film de 2h30 entre au panthéon des blockbusters intelligents, accélérant ainsi l'avènement des superproductions articulées autour des sombres relents de l'âme humaine - Watchmen (2009) n'aurait visiblement pas eu la chance d'exister sans lui.
Intercalés entre chaque épisode, Le Prestige (2006) et Inception (2010) ont prouvé que Christopher Nolan était l'un des seuls auteurs hollywoodiens capables d'allier le spectacle et les neurones, la critique et le public, les néophytes et les geeks. Attendu comme le messie et condamné à battre de nouveaux records, The Dark Knight Rises débarque dans une vingtaine de jours, fort d'une campagne promotionnelle contrôlée par un réalisateur pour qui le secret sont un paramètre majeur. Batman est mort, vive Nolan.
The Dark Knight Rises, en salles le 25 juillet.