Le Jeu de la vérité, pièce à succès présentée pour la première fois en 2005, connaît une nouvelle vie. Les quatre acteurs, Philippe Lellouche, Vanessa Demouy, Christian Vadim et David Brécourt, se retrouvent à l'écran pour continuer à faire vivre les retrouvailles de trois amis avec celle qu'ils surnommaient la "bombe du lycée", vingt ans après l'avoir vue pour la dernière fois. Certaines choses ont changé, d'autres pas.
Purepeople.com a eu le plaisir de rencontrer Christian Vadim, qui est revenu sur son parcours, lui qui est le fils de Roger Vadim et de Catherine Deneuve. Nous avons également discuté avec Philippe Lellouche - auteur de la pièce - et Vanessa Demouy, sa partenaire et également son épouse. Une interview qui permet de mesurer leur complicité sincère et leur amour pour leur métier.
Le succès de la pièce "Le Jeu de la vérité"
Vanessa Demouy : "On l'explique pas !"
Philippe Lellouche : "J'adorerais avoir les clefs du succès, mais d'après ce que les gens nous disent au sortir de la pièce, c'est qu'on a réussi à montrer une vraie histoire d'amitié. Ça leur donne envie d'être avec nous le temps de la pièce ou du film. Ils se disent, 'j'ai envie de vivre une soirée comme ça avec mes copains'. Et du coup on a l'impression de nous connaître. Il y a une espèce d'universalité dans les rapports qu'on décrit. Des ados qui nous disent 'on a envie d'être comme vous'. Il y a des gens de 40 ans qui disent 'on est comme vous', et d'autres, plus vieux qui nous disent, 'on était comme vous'. C'est une histoire qui n'échappe pas aux gens, elle est crédible. La conclusion à laquelle j'arrive aujourd'hui, c'est que, quand on écrit, plus on est personnel, plus on devient universel. Lorsqu'on écrit des choses qui nous tiennent à coeur, on se rend compte que ça fait écho chez des gens. C'est dangereux d'écrire en se disant, ça va plaire au public. Ça, personne n'en sait rien. La seule obligation que je m'impose, c'est d'être sincère."
De la pièce au film
Philippe Lellouche : "Luc Besson nous a proposé d'en faire un film il y a quelques années. À l'époque, on n'était pas suffisamment prêts, peut-être pas assez connus aussi pour faire le film. François Desagnat a eu envie de le réaliser, et nous, on trouvait que c'était le bon réalisateur pour faire ça. Il est habitué à filmer des comédies et, en même temps, il était suffisamment extérieur à ce qu'on vivait ensemble au théâtre avec cette pièce. Je suis tellement habitué à la pièce que j'aurais eu du mal à visualiser une autre mise en scène si j'avais réalisé le film."
Vanessa Demouy : "Il fallait sortir des codes du théâtre. Et quand on a tourné le film, on jouait encore la pièce, en tournée. C'était déjà un exercice technique de sortir du jeu de théâtre. Si, en plus, il avait fallu gérer la mise en scène, ce serait devenu très difficile. Philippe en aurait été capable mais ça devenait très compliqué. Pouvoir s'appuyer sur l'oeil de notre réalisateur, se laisser porter ailleurs en restant au même endroit finalement, c'était rassurant."
Les personnages
Vanessa Demouy : "Forcément, ils ont évolué puisque la pièce a été créée en 2005, on l'avait répétée en 2004, et la première représentation en public a eu lieu en janvier 2005. La pièce a connu un énorme succès, on est parti en tournée, on a fait deux autres pièces entre-temps, puis on est revenus sur cette pièce l'année dernière. Donc on a eu la chance avec ce spectacle de jouer les mêmes personnages, mais avec dix ans d'expérience. Avec les mêmes mots, on s'est aperçus qu'on ne les jouait plus de la même manière. On a gagné en maturité, il y a des subtilités, des choses qui nous parlaient peu à l'époque et qui nous parlent plus aujourd'hui. Et puis, au cinéma, les codes de jeu sont différents donc c'était intéressant d'exploiter cela aussi."
Un film plus émouvant que la pièce ?
Vanessa Demouy : "C'est la proximité de la caméra qui fait ça."
Philippe Lellouche : "Ce que vous nous dites, ça nous touche. On nous a déjà dit ça, 'j'ai ri et j'ai pleuré en regardant le film'. Alors tant mieux, d'abord, c'est ça la vie, on rit, on pleure..."
VD : "Dans une phrase, on peut passer par trois émotions différentes. Et ce qui est génial avec la caméra, c'est qu'avec elle, on les voit toutes."
PL : "Pour vous parlez des films récents que j'ai aimés, Intouchables, Les Garçons et guillaume à table, ce sont des films qui me font naviguer dans l'émotion. Si vous me dites que le film vous a émue et fait rire, alors on a rempli notre pari."
Travailler avec son mari/sa femme
Vanessa Demouy : "Ça a plutôt des avantages en ce qui me concerne. C'est plus rapide, on ne ramène pas le travail à la maison, on arrive à faire la coupure, mais cela ne nous empêche pas de parler de nos petites tracasseries. Sur le plateau, on va plus vite, pas besoin de mettre la virgule, on est dans une communication tellement rapide."
Guillaume Canet a dit être plus dur avec Marion Cotillard que les autres comédiens lorsqu'il réalise pour prouver aux autres qu'il n'y avait pas de traitement de faveur...
Philippe Lellouche : "Oui, je fais un peu pareil, je pense être un peu plus dur avec Vanessa, mais bon, c'est aussi parce qu'on se connaît bien, on sait de quoi on est capable, on a envie d'aller trouver des choses qu'on a déjà vues. Je vais vous dire un truc atroce mais, on est en train de s'engueuler, et puis soudain on se dit, 'ah c'est bien ce que je suis en train de faire'. Quand moi, je la vois au quotidien, je sais ensuite ce qu'elle est capable de me donner. Alors je vais être exigeant oui. Ça tombe sous le sens, mais c'est bien, ça nous tire vers le haut. Et puis, il y a une grande confiance, sinon on ne serait pas mariés !"
La vérité, la recette du bonheur ?
Philippe Lellouche : "Oui, je pense que les amis et l'amour, ce sont des îlots de sécurité dans la vie. C'est votre bien-être. C'est impératif de se forcer à dire la vérité, parce que c'est très réconfortant. Il n'y a pas de jugement quand quelqu'un vous aime. Mais la vie est dangereuse. Il y a un moment où il faut prendre le risque de se dire la vérité. On a tous un filtre, on se dit, 'si je lui dis ça, elle va me dire ça'. Mais ça n'est pas vrai. On ne sait pas, on n'est pas à la place de la personne et parfois, on est très agréablement surpris. Il m'arrive de dire des choses à mon épouse que je ne serais pas obligé de dire, et à chaque fois que j'ai fait cet essai-là, ça s'est passé beaucoup mieux que je l'imaginais. Parce que l'autre comprend aussi que vous êtes en train de faire un effort."
Leur collaboration à quatre
Vanessa Demouy : "On était copains, on est devenus amis."
Philippe Lellouche : "Au point de faire nos sorties extraprofessionnelles ensemble. En revanche, ce qui nous a peut être aidés, c'est que, comme dans la pièce, on se dit la vérité. S'il y en a un qui n'a pas bien joué, on va lui dire, 'ben dis donc...' Il n'y a pas d'ego entre nous. Professionnellement, on est un personnage à quatre têtes. On joue vraiment ensemble. Personne n'a jamais voulu tirer la couverture ou être en compétition. On fait une carrière à quatre."
VD : "Cela ne nous empêche pas de voler de nos propres ailes, mais on sait que de toute manière, on va se retrouver, et à chaque fois, c'est une joie."
PL : "Parfois, on me demande si je n'en ai pas marre d'écrire pour les mêmes et je réponds, mais je sais pas si j'ai envie de le faire pour d'autres ! J'écris pour des comédiens qui sont en plus mes amis, et ça nous a plutôt porté bonheur jusque-là. Au théâtre, ça c'est sûr, au cinéma, on le souhaite de tout notre coeur. Vous savez, on fait du cinéma par orgueil, financièrement c'est plus intéressant que le théâtre, mais nous, on fait ça parce qu'on a envie que cette pièce ait accès au plus grand nombre. Il n'y avait pas un plan de carrière. On est très exigeants les uns envers les autres, mais c'est pour notre bien-être et celui du public."
Samya Yakoubaly
"Le Jeu de la vérité", en salles le 22 janvier