Hier soir, France 2 a proposé les trois premiers épisodes de la série Le Chasseur, fiction française très attendue.
Pourtant, avec seulement 2,4 millions de téléspectateurs (pour 9,9 % de part d'audience), Le chasseur joué par Yannick Soulier a été laminé par le sexy Mentalist (joué par Simon Baker) de TF1 qui a séduit 7,9 millions d'accros (34,7 % de PDA sur les 4 ans et plus, et 43,9 % de PDA sur les ménagères de moins de 50 ans). Des résultats qui n'étonnent même pas Wassili Clert, producteur lucide du Chasseur : "De toute façon, face au Mentalist sur TF1, notre Chasseur n'a aucune chance" (déclaration faite à 20minutes.fr). Effectivement, les probabilités étaient quasi-nulles.
Pourtant, France 2 a misé sur l'originalité avec un scénario millimétré, dans une ambiance glacée, avec des personnages cyniques : impossible de ne pas faire le rapprochement avec l'incontournable Dexter (joué par Michael C. Hall). Ressemblant ? Un peu, oui.
Dexter, le produit américain : Roi de l'expertise sanguine, il travaille avec la police de Miami (notamment sa soeur Deb) pour résoudre des crimes. La nuit venue, Dexter Morgan se transforme en serial killer et fait sa propre justice en assassinant les méchants (assassins, violeurs...), toujours en respectant un code, inculqué par son défunt (et tordu) père, lorsqu'il était enfant.
Samuel Delaunay, la version française : Officiellement pénaliste, il travaille dans le cabinet d'avocats de sa mère. En réalité, la matriarche Natasha offre des services élargis en éliminant certaines personnes gênantes par le biais de Samuel, tueur à gages. Ce chasseur tue, sans état d'âmes, respectant les contrats, avec une propreté et une précision empruntées à son semblable yankee. Samuel a toujours honoré ses contrats sauf... avec Lauren. Epris de sa cible, il a simulé la mort de celle-ci pour finalement l'épouser. Un manquement à l'éthique des tueurs à gages qui lui vaudra d'être persécuté par le client qui voulait la mort de Lauren, Peszynsky. Ce dernier (joué par Jean-François Stévenin) réclame la tête de la jeune femme... et celle du client qui était chargé de son cas. C'est à le fil rouge de la série, entrecoupé d'autres affaires menées à bien par Natasha et Samuel, une mère et son fils qui ont une relation spéciale... presque incestueuse.
Là où les Américains ont trouvé la façon juste de vendre un anti-héros (un tueur en série qui est quand même un peu héros puisqu'il débarrasse la société de vilains méchants), avec l'aide d'un brin de cynisme qui prête souvent à sourire, les Français ont seulement joué la carte de l'asocial dévoré par la cupidité. De ce fait, si la série est originale, il lui manque tout de même un élément... Un je-ne-sais-quoi qui fait défaut à la qualité globale de ce programme pourtant novateur et terriblement ambitieux.
C'est d'ailleurs sûrement ce "je-ne sais-quoi" qui fait douter France 2 de la suite des événements : "Une étude qualitative a montré à la chaîne que si l'audace plaisait, la série n'était pas exempte de défauts", annonce le producteur dans 20minutes.fr. Le site ajoute "C'est ce qui aurait décidé France 2 à regrouper les six épisodes en deux volées de trois, diffusées [hier soir] et mercredi prochain à 20h35".
Intrigue manquant un peu d'aspérités, scénario paradoxalement trop lisse : Le chasseur aurait pu être un véritable coup d'éclat dans la jungle de séries françaises politiquement correctes... mais non. Et même les bonnes prestations du beau Yannick Soulier et de Marie-France Pisier n'arrivent pas à convaincre. D'où, une audience assez faible pour une série qui a pourtant bénéficié d'un buzz relativement correct... mais qui a manqué du soutien de France 2. Alors, la chaîne va-t-elle oser se lancer dans une saison 2 ?