9 juillet 2006. La France est en finale de la Coupe du monde de football face à l'Italie. Les Tricolores dominent dans tous les compartiments du jeu des Italiens à bout physiquement. On pense alors que l'exploit est possible, que les Bleus vont une nouvelle fois triompher comme en 1998. Quand soudain, Zinedine Zidane assène un violent coup de tête à Marco Materazzi, entraînant son expulsion pour ce qui restera son dernier match officiel. Des images qui feront le tour du monde, relayant la victoire transalpine au rang d'anecdote...
Désormais, ce qui restera à jamais comme le coup de boule de Zizou s'expose fièrement devant le Centre Pompidou. L'artiste Adel Abdessemed a en effet immortalisé le geste qu'il a sobrement intitulé Coup de tête. Ancré dans les mémoires collectives des Français, désignant Marco Materazzi comme l'ennemi numéro 1 malgré les tentatives de réconciliation, le Coup de tête en bronze ne passe pas inaperçu avec ses 5 mètres de hauteur et son noir mat et sombre, tel le côté obscur de Zizou. "J'ai reçu la violence du geste de Zidane, depuis l'écran, en plein visage. J'ai voulu montrer le côté sombre du héros, le goût du destin inéluctable et l'immédiateté retentissante d'un geste", explique Adel Abdessemed.
"Cette statue s'oppose à la tradition qui consiste à faire des statues en l'honneur de certaines victoires. Elle est une ode à la défaite", justifie Philippe Alain Michaud, le commissaire de l'exposition qui voit dans l'oeuvre d'art une allégorie religieuse. "Bien qu'elle reprenne un événement populaire connu de tous et immédiatement identifié, cette oeuvre est aussi une allusion à la tradition réaliste et aux fresques de Masaccio. Le regard de Zidane vers le sol nous rappelle celui d'Adam, chassé du paradis", précise-t-il.
La représentation artistique du geste est à voir au Centre Pompidou, pour le plus grand plaisir, ou malheur, des uns et des autres...