Pour un peu, on aurait presque juré avoir vu Zlatan Ibrahimovic au bord des larmes. Oui, Zlatan, le fier, l'ombrageux, le tueur, était ému pour son dernier match sous le maillot du PSG au Parc des Princes, samedi 14 mai 2016 ; il l'a d'ailleurs admis à plusieurs reprises, lors de la cérémonie des trophées organisée à l'issue du match contre le FC Nantes puis au micro de beIN Sports : "Zlatan ne pleure pas : quand Zlatan pleure, c'est que c'est émouvant", a-t-il ainsi déclaré, empruntant à un autre monstre sacré - du cinéma français, celui-là - cette manie de parler de soi à la troisième personne. Paris sera toujours Paris, Zlatan sera toujours Zlatan - à Paname ou ailleurs. "Merci Ibracadabra", pour le paraphraser.
Suite à l'annonce vendredi par ses soins, via Twitter, de son départ du Paris Saint-Germain après quatre saisons qui l'ont vu marquer de son empreinte le championnat de France et l'histoire du club de la capitale, le géant suédois devait réussir sa sortie. Et la fête a été totale, sous les yeux d'un public parisien au sommet de sa liesse, people compris, qui attendait notamment de voir Ibra établir de nouveaux records. Il n'a pas manqué de lui donner satisfaction en inscrivant un nouveau doublé (un premier but peu conventionnel de la poitrine, puis un coup de tête déterminé) lors de la victoire 4 à 0 du PSG aux dépens de Nantes : son 38e but, qui semblait presque être le seul motif de cette dernière journée de Ligue 1, lui a permis d'effacer des tablettes Carlos Bianchi pour devenir le meilleur buteur sur une saison de l'histoire du PSG et d'améliorer son record en tant que meilleur buteur de l'histoire du PSG (154 buts en 179 rencontres), contribuant au passage aux records de victoires (30), de points (96) et de buts inscrits (101) sur une saison par le club.
Tout avait été pensé et prévu par Nasser Al Khelaifi, Laurent Blanc et le PSG pour que la légende autoproclamée ("je suis arrivé en roi, je repars en légende", avait-il écrit en annonçant la fin de son aventure parisienne) soit célébrée dans les grandes largeurs : haie d'honneur formée par ses coéquipiers pour son entrée sur le terrain, descente de tifos dans les virages, arrêt du match à la 10e minute du match pendant une minute en hommage à son numéro de maillot, sortie sans remplacement quelques minutes avant la fin de la rencontre... avec ses enfants Maximilian (9 ans et qui, en dépit de ses longs cheveux blonds, est bien un garçon - n'est-ce pas messieurs de beIN Sports ?) et Vincent (8 ans), qui l'avaient rejoint sur le terrain affublés de maillots floqués "King" et "Legend"... Enfin, au terme d'un spectacle pyrotechnique célébrant la saison brillante du PSG, la cérémonie des récompenses et de la remise du trophée de champion de France ressemblait à un "tribute to Zlatan".
"Ce que tu as fait est énorme, tu resteras toujours dans notre coeur, jamais on n'oubliera ce que tu as fait pour le club. Ton histoire avec le club n'est pas finie, quand tu finiras ta carrière de joueur tu reviendras, merci Zlatan", a déclaré en français le président Nasser, qui a confié avoir "un accord" dont il n'a pas précisé la nature pour qu'Ibra revienne jouer un rôle au PSG lorsqu'il raccrochera les crampons. D'ici-là, le Suédois relèvera un dernier challenge sportif : il a d'ailleurs affirmé "savoir" où il évoluerait la saison prochaine, mais n'a pas voulu en dire plus.
Quelques minutes plus tôt, à l'inverse, il n'hésitait pas à s'épancher, entre émotion palpable et blagues zlataniennes, lors de son discours d'adieu (anticipé, puisqu'il reste à disputer la finale de la Coupe de France, samedi prochain face à l'Olympique de Marseille au Stade de France). "J'espère que l'équipe gagnera beaucoup de titres sans Ibra. Ce sera difficile, mais possible", a notamment déclaré Zlatan avec un sourire malicieux, avouant plus sérieusement être très ému, très attaché à Paris et que les quatre années passées "resteront dans [s]on coeur". "Je vous aime", a-t-il même lâché... D'une voix de stentor, il a conclu d'un triple ban complété en choeur par le public : "Ici, c'est... Paris !"