Biographie
Une franchise pour les familiers des chiffres, une saga pour les assoiffés d'aventure, un opéra pour les esthètes, une machine à cash pour les grognons, Star Wars, que plus personne de moins de 65 ans n'appelle encore la Guerre des Etoiles, est plus que tout autre chose l'un des plus forts éléments de la pop culture contemporaine.
Avec sa multitude de personnages, ses diverses trilogies, ses univers dérivés, son récit articulé de façon qui peut sembler hasardeuse, puisque les films ne sont pas sortis dans "l'ordre" de l'histoire, Star Wars est un monde en soit, qui depuis 1977 alimente le culte de millions de fidèles à travers le monde, les plus extrêmes semblant s'être voués corps et bien à la célébration de l'univers créé par George Lucas. Ce californien, né en 1944, qui a grandi dans l'adoration de la pop culture (le rock'n'roll, le cinéma de divertissement, les voitures et les motos, le super héros des comics Marvel) a choisi la voie du cinéma, et s'est lié très tôt à Francis Ford Coppola et Steven Spielberg, rencontrés durant leurs années communes d'apprentissage. Après un premier succès, aussi massif que surprise, avec American Graffiti, ode au rock'n'roll et à l'adolescence, au moment où se profile une guerre (le Vietnam) qui va briser les élans, George Lucas a envie de réaliser une oeuvre de science-fiction, Star Wars, et muni d'une vision, il réussit à négocier avec la Fox une trilogie, avec deux autres films qui poursuivront l'histoire de son film. Passionné d'effets spéciaux, il investit une partie des bénéfices d'American Graffiti dans la création d'Industrial Light & Magic, ILM, une société à la pointe de la technologie, installée dans un entrepôt de la banlieue de Los Angeles, et consacrée aux effets spéciaux de son film, tourné en Tunisie en 1976, pour ses décors naturels désertiques pouvant s'apparenter à ceux de planètes imaginaires.
Le premier montage de son film est jugé désastreux par Lucas, qui le refait entièrement, avec sa femme et un autre monteur, pour tenter de donner du relief à ce film qu'ils jugent plat. Il en fait repousser la sortie de plusieurs mois, et investit toutes les compétences d'ILM pour faire de ce petit film bricolé dans le stress un objet à part. Le film sort enfin le 25 mai 1977, dans une poignée de salles, et par le bouche-à-oreille instantané, bat les records de fréquentations de toutes ces salles. Star Wars sort alors dans un nombre accru de salles et devient le premier blockbuster de l'histoire, se plaçant à la première place des recettes de l'année 77, avec à ce jour 775 millions de dollars de recettes. Non seulement le film est l'un des plus rentables de tous les temps, mais la Fox n'y croyant pas, elle a laissé l'exploitation des produits dérivés à George Lucas, qui fait fortune avec les figurines et autres gadgets liés à son film. Il peut ainsi produire seul l'Empire contre-attaque, appuyé par un emprunt personnel fait à sa banque, la Fox ne gérant plus que la distribution. Ne pouvant tout gérer, il choisit Irvin Kirshner pour réaliser ce deuxième chapitre, qui sort le 21 mai 1980 dans 127 salles aux USA, dont 125 vont battre leur record d'entrée sur une première journée. L'Empire contre-attaque est à nouveau le film n°1 de l'année en termes de recettes (545 millions de dollars). Comme le sera Le Retour du Jedi en 1983, cette fois réalisé par Richard Marquand, qui sort dans 1002 salles aux USA et bat à nouveau les records (475 millions de dollars de recettes). Ces trois films sont ensuite rebaptisés Episode IV : un nouvel espoir, Episode V- L'Empire contre-attaque et Episode VI-Le Retour du Jedi.
Entre temps, George Lucas a produit Indiana Jones avec son ami Spielberg, et quantité de films (d'American Graffiti 2 à Kagemusha de Kurosawa, en passant par Willow, les Ewoks, des films de Coppola...), il a digéré son divorce de 1983 qui lui a engloutit une partie de sa fortune, quand au début des années 90, il constate que la popularité de Star Wars ne faiblit pas. Elle est même solide, entre la vente des produits dérivés et l'exploitation en bande dessinée.
Au sein de Disney va donc se poursuivre les aventures galactiques des héros de plusieurs générations de fans enamourés. Fin décembre 2015 sort le premier chapitre de la sequel, Episode VII-Le Réveil de la Force, réalisé par J.J. Abrams, qui a co-écrit le scénario avec Lawrence Kasdan. De nouveaux personnages clé apparaissent aux côtés des anciens, et le film dépasse les deux milliards de recettes. Soucieuse de rentabiliser l'acquisition de la franchise, Disney lance en parallèle à la trilogie des films "dérivés", qui approfondissent le destin de certains personnages et permettent d'attirer les spectateurs avec plus de régularité. Le premier de ces spin-off est Rogue One : A Star Wars Story, qui sort en décembre 2016, et dépasse le milliard de recettes. Le deuxième sera Solo : A Star Wars Story, réalisé par Ron Howard en 2018, un échec sur l'échelle de la franchise avec seulement 393 millions de dollars de recettes. Entre temps est sorti Episode VIII- Le Dernier Jedi, en décembre 2017, qui triomphe avec 1,3 milliard de recettes. Et enfin le dernier chapitre de cette troisième trilogie, Episode IX-L'Ascension de Skywalker, qui avec son milliard de dollars dépassé en une poignée de semaines, prouve que l'appétit pour la saga n'est pas encore épuisé, avec neuf films et deux spin-offs.
Pour suivre, une nouvelle trilogie est annoncée, qui serait écrite par le duo responsable de la série Games Of Throne, avec des sorties étalées entre 2022, 2024 et 2026. Mais en octobre 2019, le dit duo se voit contraint d'annuler, en raison du contrat préalable qui le lie à Netflix. Kathleen Kennedy leur laisse ouverte la porte pour revenir un peu plus tard, tandis qu'une nouvelle trilogie, indépendante de la saga Skywalker, sera écrite par Rian Johnson, le réalisateur du Dernier Jedi. Un autre film, basé sur le jeu vidéo Knights of the Old Republic est par ailleurs en développement, et en septembre 2019, Kathleen Kennedy et Kevin Feige (le producteur des films Marvel) annoncent qu'ils travaillent sur un autre film Star Wars.
L'exploitation du concept s'est poursuivie par ailleurs sur d'autres médias. La télévision, après Star Wars : Clone Wars, a enfanté plusieurs séries animées, Star Wars Rebels (2014-2017), Star Wars Resistance (2019-2020), une seconde série Star Wars : Clone Wars (2003-2005), puis Star Wars Forces du Destin (2017-018), Star Wars Galaxy of Adventures (2018), Star Wars Roll Out (2019). Des séries en live-action, incluant de l'animation dans des prises de vues réelles ont également été conçues et diffusées, The Mandalorian (2019-2020), et des séries en cours de développement sur Cassian Andor et Obi-Wan Kenobi.
La novelisation (des romans tirés des films) de l'univers a été effective depuis le début de la saga, ainsi que l'exploitation en comics. La musique de John Williams, outre son exploitation en disque, l'a été aussi en concert symphoniques. Des feuilletons radio, et bien sûr plusieurs jeux vidéo ont été tirés de Star Wars. Plusieurs attractions successives ont été effective dans les différents parcs Disney, à Paris, Tokyo, Los Angeles, Shanghaï, Hong Kong et en Floride.
Le merchandising a été une source de revenus considérable, pour George Lucas qui donc avait eu le flair de s'en préserver les droits. En 2012, les six premiers films avaient rapporté, en produits dérivés, environ vingt milliards de dollars ! Des figurines aux tee-shirts, en passant par les jeux de société (le Monopoly, le Trivial Pursuit et d'autres jeux ont été adaptés à l'univers), les cartes à collectionner et toute cette sorte de chose a constitué un marché gigantesque, que le principe de la collection, de la rareté, du vintage, contribue à faire vivre, et à faire monter les cotes.
L'impact culturel est indéniable, suscitant des expressions comme "l'empire du mal" ou "Que la force soit avec toi" passées dans le langage courant. Plus incroyable encore, le "jedisme" est devenu une religion quasi officielle, constatée quand, lors du recensement américain de 2001, quand nombre de citoyens, à la case "religion", ont indiqué "Jedi". Depuis, des temples et églises ont été construites (!) et le phénomène a essaimé dans divers pays, de la Nouvelle Zélande au Montenegro.
L'impact de la saga sur l'industrie a été phénoménale, en revitalisant une compagnie, Fox, qui était au bord de la banqueroute, en changeant drastiquement l'esthétique et le système de narration du cinéma, en inventant le système de la franchise moderne (Don Camillo ou le Gendarme de St Tropez l'avait précédé, quand même), largement suivi depuis par Hollywood, inspirant quantité de copies, de clones, et de références dans des centaines d'oeuvres culturelles depuis. Star Wars a industrialisé le blockbuster, incitant, par son succès, Hollywood à cibler en priorité une cible précise (adolescente et masculine) tout en étant la matrice des évolutions technologiques de prise de vue et d'effets spéciaux.
L'univers de Star Wars est riche et complexe. Il mélange chevalerie, géopolitique, heroïc fantasy, créatures extra-terrestres cocasses ou effrayantes, robots, imbrications familiales, trahisons, affrontements, vaisseaux spatiaux, sous-texte philosophique, éducation, bruitages, langages particuliers, romances (jamais de sexe, même suggéré), jalousies, transformation, et, par la force des choses, durée du temps, à travers le vieillissement des personnages, et les rebondissements de l'action. Cette richesse et cette combinaison d'éléments ont été primordiaux dans le rapport étroit, parfois même inquiétant, des fans de l'univers Star Wars avec l'objet de ce qu'il faut bien appeler un culte. Le risque serait sans doute de ne pas se satisfaire de cet impact culturel et économique unique en son genre, et de tirer sur la ficelle avec de simple visées commerciales. Et d'émousser l'intérêt et la passion de ce qui a uni des millions de gens d'origines diverses, tout autour de la planète. A moins d'en profiter pour faire passer un message universel et positif, applicable dans la réalité contemporaine, et plus dans le territoire de l'imagination.