"La pièce a été un carton absolu et surtout, c'était très agréable de jouer [avec Arthur], très étrange, et puis ça m'a permis de le côtoyer un peu plus et de le connaître un peu mieux dans son âge adulte parce qu'on se voit assez peu finalement. Donc là, on se voyait. C'était sympa". Le 9 novembre dernier, au micro de RFM, Gérard Jugnot lâchait ces quelques mots à propos de la pièce Le Jour du Kiwi, dans laquelle le père et le fils se sont retrouvés. Des propos qui de prime abord pouvaient surprendre.
Ce 2 décembre 2024, Arthur Jugnot célèbre en effet son 44eanniversaire. Comment se fait-il, peut-on s'interroger en lisant ces lignes, qu'un père ait besoin de "connaître un peu mieux" son enfant à cet âge-là ?
En 2023, une confession de Gérard Jugnot dans Libération donnait une première indication. "On ne se voit pas plus en dehors, confiait-il, mais échangeons un peu avant les représentations. Peut-être suis-je un meilleur père dans la fiction, que je ne l'ai été dans la vraie vie. Assez en tout cas pour avoir transmis le virus de la comédie." Une phrase comme un aveu qui n'a finalement rien de surprenant lorsque l'on se plonge dans l'histoire familiale des Jugnot...
L'histoire d'Arthur Jugnot est le fruit d'une idylle. Gérard Jugnot, le célèbre acteur du Splendid, et Cécile Magnan, une costumière, se rencontrent dans les années 1970. Ensemble, ils vont donc avoir un fils, Arthur, né le 2 décembre 1980. Comme tous les enfants de la balle, ce bébé va grandir dans un milieu spécial entre deux parents pas toujours présents, ballotés par leurs carrière. Celle de Gérard Jugnot, notamment.
Entre 1980 et 1990, soit, dans les dix premières années de la vie de son fils, le comédien va écumer les plateaux et tourner 21 films. Un chiffre énorme quand on sait qu'un tournage dure plusieurs mois durant lesquels les comédiens s'absentent souvent de leurs foyers.
Si ces longs métrages sont pour beaucoup devenus des classiques comme Le père Noël est une ordure, Papy fait de la résistance, Pinot simple flic, Scout Toujours que la télévision diffuse et rediffuse, cette frénésie cinématographique a eu une incidence forte sur la vie familiale. D'autant qu'une séparation va venir compliquer encore un peu plus la situation...
Dans un article publié en mars 2023, Paris Match revenait sur cette rupture en expliquant qu'Arthur n'avait que 5 ans quand son père et sa mère ont pris des chemins divergeants. Comme des milliers d'enfants du divorce, le petit garçon va donc connaître les vicissitudes de la garde partagée. Une situation qui fait qu'il ne verra son père qu'un week-end sur deux et pendant les vacances comme le rapporte le journal.
Ce qu'Arthur Jugnot, dans ce même article, résumait en une phrase : "On ne vivait pas ensemble, mais quand on se retrouvait on faisait plein d'activités, de l'escalade, du karting, du canyoning, etc." On comprend mieux dès lors que le père et le fils aient noué un lien marqué par une certaine distance.
Gérard Jugnot lui-même, dans une interview pour Télé Star en 2021, confiait que leur relation avait été "compliquée, voire conflictuelle" durant les premières années d'Arthur. Son engagement total dans dans sa carrière et la séparation avec la maman d'Arthur ayant sans doute exacerbé les difficultés d'une relation père-fils qui, même quand tout va bien, est toujours potentiellement explosive. Le membre du Splendid l'admettait d'ailleurs pleinement. Dans ce même entretien pour Télé Star, il concédait : "Je me suis séparé de sa mère, et c'était sans doute difficile pour lui."
Arthur n'en a pourtant vraisemblablement pas trop pâti, lui qui à Paris Match révélait ne pas avoir "senti de vide durant (son) enfance".
Aujourd'hui, dans un élan d'indépendance, le fils a trouvé sa voie, sans jamais renier ses racines. La passion du théâtre et de la comédie est en lui, que ce soit en tant qu'acteur ou metteur en scène. Son travail est reconnu et respecté, comme en témoigne son parcours dans le théâtre avec des créations à la fois populaires et exigeantes notamment Le Carton (2004), Moi, moi et François B. (2008), Le Point sur le i (2012) ou encore Le Syndrome de l'écossais (2016).
Quand à son père, Gérard, qui a retrouvé l'amour avec Patricia Campi, son épouse depuis 2016, il est désormais fier de son fils "Il a maintenant amplement prouvé son talent", a-t-il avoué, un an en arrière dans les colonnes de Télé Star. "Surtout, il a eu l'intelligence de ne pas suivre complètement mes pas", a ajouté le comédien.
À 44 ans, Arthur Jugnot, de son côté, n'est plus seulement un fils, c'est maintenant lui aussi un père pour Célestin, né en 2013 de son ancien amour avec l'actrice Cécilia Cara. Le passionné de théâtre n'hésite d'ailleurs pas à parler de son rôle de paternel. Au regard de sa propre expérience, il est conscient de la tâche qui lui incombe. "J'espère que mon fils ne ressentira pas ce que j'ai ressenti à son âge. Il a une mère formidable, et je fais de mon mieux pour être là", a-t-il déclaré dans Paris Match.
Même si Célestin est lui aussi un enfant du divorce puisque son père et la chanteuse sont séparés, Arthur Jugnot désormais marié à l'actrice Flavie Péan prend soin de lui offrir un équilibre entre vie professionnelle et familiale. Déterminé à transmettre à son descendant le "virus" de la comédie.