Anémone : ''J'aurais mieux vécu si j'avais été lesbienne''

Anémone en interview, c'est une rencontre qui ne manque pas de sel. Généreuse en confidences joyeuses, cash et toujours sincères, l'actrice française semble se délecter de dire haut et fort ce qu'elle pense, sans s'encombrer des politesses habituelles dans l'exercice de la promotion. Grimée en Générale d'une dictature dans la comédie délirante Jacky au royaume des filles, elle se livre sans concession dans le magazine Gala.

Anémone et le cinéma, la page a failli être tournée pour de bon, jusqu'à ce que Gustave Kervern, de la bande de Groland, vienne la chercher. Pour quel film ? On ne le saura pas, mais toujours est-il qu'elle n'aime plus trop tourner : "Les journées sont très, très longues, c'est fatigant." À 63 ans, elle tient désormais à protéger son confort : "Jeune, je me suis martyrisée pour être belle. Aujourd'hui plus du tout !" Plus loin, elle précise qu'elle n'a jamais été un prix de beauté dans sa jeunesse, mais qu'elle se devait d'être sexy car "ça se bousculait".

Sans être nostalgique, elle se rappelle son vécu, dominé par le rire : elle a traîné avec la bande à Warhol dans les lofts new-yorkais, prenant de l'acide et se déguisant en Indienne. Elle ne sombre pas dans l'héroïne, car à l'inverse de bon nombre de ses fréquentations de l'époque, elle a su dire "non merci". L'autre période follement drôle de sa vie, ce sont bien évidemment les années café-théâtre, mais elle en parle sans enjoliver le décor : Coluche, chez qui elle dînait tous les soirs, n'était pas vraiment un pote : "On était là pour l'écouter - bon ça tombait bien, car il était extrêmement drôle. C'était le chef, ultra-autoritaire." De sa "famille" du Splendid, elle ne voit plus les Balasko, Blanc, Clavier, Lhermitte.... "Non, parce que je n'ai pas de pourcentage sur Le Père Noël est une ordure. On a essayé de s'expliquer mais bon..."

Anémone ne s'étendra pas sur ses inimitiés, préférant se souvenir de cette époque de sa vie comme de celle où elle riait du matin au soir. Elle tempère toutefois son enthousiasme en parlant des avortements qu'elle a subis : "On manquait d'y rester parce que c'était des faiseuses d'anges, dans des soupentes, qui faisaient ça avec des injections d'eau savonneuse."

Avec cette même franchise décapante, la comédienne évoque sa vie de mère de deux enfants, Jacob, 35 ans – dont elle a déjà dit qu'il était "chiant à vivre" –, et Lily, 30 ans. Cette dernière a d'ailleurs une petite fille, Nana, 7 ans, "adorable" selon sa grand-mère : "Les enfants, ça bouffe, ça bouffe et après ça fout le camp ! [...] Quand vous en avez, vous dites adieu à votre vie, à votre personne, à tout !" Son premier enfant lui est "arrivé comme ça". Poussée par son entourage à lui trouver un père, elle rencontre un homme qui lui paraît avoir le bon profil et qui veut lui aussi un enfant : "À 22 ans, je voulais me faire ligaturer les trompes. Je me suis dégonflée. Mais j'ai regretté toute ma vie d'avoir des gosses."

Elle estime par ailleurs ne jamais avoir trouvé un homme qui n'était pas un macho : "Je ne peux pas aimer quelqu'un qui se croit supérieur à moi. [...] Ma vie était coupée en deux : je désirais les hommes physiquement, sexuellement, et j'aimais les femmes, mais n'étais malheureusement pas attirée charnellement par elles. C'est bien dommage parce que j'aurais mieux vécu si j'avais été lesbienne."

Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine "Gala" du 29 janvier 2014

"Jacky au royaume des filles", en salles le 29 janvier