Le 11 août 1962, Ari Päffgen voyait le jour. Fils de la chanteuse allemande Nico, il est selon cette dernière le fruit d'une relation que l'iconique leader du Velvet Underground a entretenue avec Alain Delon. Ce dernier n'a jamais reconnu la paternité d'Ari et s'est toujours opposé à toute démarche de reconnaissance, se limitant à une prise de sang réalisée dans les années 1960. L'histoire voudra qu'Ari, en 1977, soit adopté par Paul Boulogne, époux de la mère d'Alain Delon, dont il reçoit ainsi légalement le nom de famille.
Aujourd'hui âgé de 55 ans, Ari Boulogne sort de son silence dans une interview accordée au Journal du Dimanche (édition du 15 avril), dans "une clinique à une heure de Paris "où il "se repose". Le motif de cette rencontre est tout trouvé : mercredi prochain sortira en salles un film, Nico 1988, consacré aux dernières années de sa mère, décédée à l'âge de 49 ans après une chute à vélo à Ibiza en 1988. Seul et unique ayant-droit de Nico, Ari Boulogne avait accepté le projet, moyennant une rémunération qu'il n'hésite pas à dévoiler (9000 euros + un pourcentage sur les entrées). Mais il fustige aujourd'hui le résultat final.
Sans fard, il descend un film à la "vision loufoque, sorti de l'imaginaire de gens qui n'ont pas côtoyé" Nico, et évoque "un choc terrible" lorsqu'il a vu l'actrice danoise Trine Dyrholm camper sa mère. Dans l'interview, il maintient que Nico n'était "pas une loseuse". "Jusqu'aux derniers instants de sa vie, elle était flamboyante, dit-il. Elle n'était pas malsaine. Elle avait un humour fou, sec et acide, avec un grand sens de la dérision. C'était une rock'n'roll woman, qui s'emparait de la scène comme une lionne." Et de rajouter une petite pique : "Ses musiciens étaient excellents, pas comme l'armée d'incapables que l'on voit dans le film accompagner cette actrice qui chante très mal sur les paroles de ma mère !"
C'était une très bonne mère. Elle m'a tout donné. Même la drogue.
S'il n'évoque à aucun moment son père supposé, Alain Delon, Ari Boulogne s'exprime en revanche à coeur ouvert sur les drogues. Il se souvient de ces images d'enfance, lorsque sa mère allait acheter du haschich à des Jamaïcains de Manchester. "Pour moi, c'était une très bonne mère. Elle m'a tout donné. Même la drogue, je l'ai vécue à fond avec elle sans que ce soit un problème, assure l'intéressé. De mes 16 ans jusqu'à la fin, nous avons partagé la drogue, la même seringue. C'était une manière d'être ensemble."
De sa mère, il ne lui "reste plus rien", à part des souvenirs, des "images de tournée". Sa mémoire, il la conserve et la transmet, comme à ses enfants, Charles, né en 1999, et Blanche, qui est née en 2006. Ces derniers, qui n'ont pas connu Nico de son vivant, savent-ils qui est leur grand-mère ? "Ma fille, oui. Elle est encore petite mais aime sa musique. Mon fils connaît un peu mais il s'en fiche. A mon grand regret, ce n'est pas un artiste : il veut être éducateur pour enfants", déplore-t-il. Avant de conclure sur une nouvelle note de nostalgie : "Ma mère était une artiste, elle m'a fait vivre un truc de fou. Je suis allé partout avec elle."
Interview à retrouver en intégralité dans Le Journal du Dimanche du 15 avril 2018.