Séparés provisoirement dans les dernières heures précédant la célébration de Noël quelques jours après avoir ensemble distribué les cadeaux de l'Élysée, Emmanuel Macron et sa femme Brigitte ont tous deux vu leurs activités respectives du week-end dernier recevoir une certaine publicité – une publicité dont la première dame, elle, se serait sans doute bien passée : si le chef de l'État s'est éloigné de son clan pendant 48 heures, s'envolant très officiellement pour le Tchad afin d'y honorer la louable tradition républicaine du réveillon avec les forces armées en mission, son épouse s'est signalée quant à elle sur le terrain... du marché de Noël des Tuileries à Paris, qu'elle a visité en famille avec ses sept petits-enfants. Et dont elle est repartie avec une polémique bien dispensable.
Comme beaucoup de ses compatriotes, Brigitte Macron saisit avec les fêtes de fin d'année l'opportunité de passer du bon temps avec sa famille. Dimanche 23 décembre 2018, c'est ainsi avec ses sept petits-enfants – Camille, Paul, Élise, Aurélie, Emma, Thomas et Alice –, qui adorent Emmanuel Macron et sont adorés de lui, qu'elle est sortie pour arpenter les allées et découvrir les chalets du marché de Noël des Tuileries, installé à quelques dizaines de mètres seulement du palais présidentiel. Tout heureux d'accueillir une telle personnalité dans le village festif qu'il a créé, Marcel Campion ne s'est pas privé de demander à la première dame de poser à ses côtés pour une photo souvenir, laquelle, prise devant l'une des attractions de "La Magie de Noël", n'a pas tardé à faire son petit buzz.
Sur les réseaux sociaux, d'aucuns ont pu hâtivement critiquer la première dame de France pour s'être ainsi montrée auprès du roi des forains alors que celui-ci peine à faire oublier certaines polémiques, en particulier concernant des propos homophobes qu'il a tenus à l'encontre de l'ex-premier adjoint à la Mairie de Paris Bruno Julliard. L'un des actuels adjoints de la maire Anne Hidalgo, dont le bras de fer avec Marcel Campion a beaucoup fait jaser, a ainsi fait part sur Twitter de sa perplexité : "J'aimerais comprendre. Le 24 septembre dernier, Benjamin Griveaux demandait l'annulation du marché de Noël [des Champs-Élysées, dont la dernière édition s'est tenue en 2016, NDLR] de Marcel Campion après ses propos homophobes. Aujourd'hui, Brigitte Macron s'affiche fièrement avec ce même Marcel Campion. Pas si grave, finalement, l'homophobie ?", a écrit Ian Brossat (adjoint à la Mairie de Paris en charge des questions de logement), une semaine après sa désignation comme porte-parole du Parti communiste français.
Mais l'entourage de la première dame s'est aussitôt empressé d'éteindre tout début d'incendie, coupant court à toute mésinterprétation de cette rencontre survenue "dans un cadre privé" : il ne s'agit "aucunement d'apporter une caution", souligne-t-on, ajoutant que Brigitte Macron ne s'est pas privée de faire savoir à Marcel Campion "combien elle avait trouvé ses propos inacceptables". L'intéressé s'est d'ailleurs très vite lui aussi fendu d'un communiqué de presse, le soir même du 24 décembre, pour dénoncer une tentative d'instrumentalisation et réitérer ses excuses : "Suite à la diffusion de la photo de Marcel Campion et Brigitte Macron qui était présente en famille à la magie de Noël aux Tuileries ce dimanche 23 décembre, certains cherchent à instrumentaliser cette visite en rallumant la polémique autour d'une supposée homophobie de Marcel Campion. Marcel Campion tient à rappeler bien que 'J'ai pu avoir des propos maladroits sous le coup de la colère, je tenais à de nouveau, avec la plus grande sincérité, présenter mes excuses à toutes celles et ceux que j'ai pu blessés et choqués. Que tous soient convaincus que j'exècre l'homophobie comme toutes les discriminations envers quiconque'", pouvait-on y lire. Il n'y avait donc rien à "comprendre" au-delà de cette séance photo inoffensive et privée prise lors d'une promenade familiale et dont Singrid Campion, la fille chanteuse de Marcel, a partagé un autre aperçu sur sa page Facebook. Le marché "Magie de Noël" aux Tuileries a accueilli plus d'un million de visiteurs dont, la veille de la venue de Brigitte Macron et ses petits-enfants, 360 familles soutenues par le Secours populaire.
À quelques milliers de kilomètres du 8e arrondissement parisien et de ses manèges éphémères, Emmanuel Macron a quant à lui vécu un grand moment de convivialité avec les troupes de la base de N'Djamena, au Tchad.
Dans la soirée du samedi 22 décembre 2018, le président de la République, arrivé dans l'après-midi, a partagé le repas de fête concocté pour plus de 1 000 soldats par Guillaume Gomez, qu'il avait envoyé en mission commandée. Le chef de l'Élysée, après avoir préparé dans les cuisines du palais présidentiel les produits offerts par des producteurs de Rungis, avait scrupuleusement surveillé l'acheminement le jeudi précédent des deux tonnes de fret que cela représentait avant de tout mettre en place. "Il fallait un menu qui tienne au corps. Nos militaires, certains ont 20 ans, ils ont faim", commentait-il alors en souriant à l'AFP, tout en découpant de grosses tranches de pâté en croûte – l'un des mets prévus pour l'occasion. Comme l'an dernier à la base de Niamey, où Emmanuel Macron avait déjà déployé le chef Gomez, il y avait aussi foie gras, volaille des Landes aux morilles, fromages, entremet au chocolat, le tout naturellement arrosé de champagne.
Accueilli après avoir atterri par le président tchadien Idriss Déby, Emmanuel Macron a profité de cette visite au Sahel pour faire le point sur l'opération Barkhane, qui depuis 2014 lutte contre les jihadistes dans cette région du monde et dont le centre de commandement, qui coordonne 24/24h les opérations de 4 500 hommes, est basé à N'Djamena. Il s'est entretenu avec le général Blachon, qui dirige Barkhane, et a rencontré les chefs des détachements alliés. Dans son discours devant les soldats, qu'il a félicités pour le succès d'une opération d'envergure le 23 novembre dernier, le président a ensuite évoqué la volonté commune de "protéger les nôtres, car ce même terrorisme a frappé il y a quelques jours à Strasbourg" : "Ici, je retrouve concrètement la réalité des décisions que je suis amené à prendre à Paris", a-t-il également souligné.
Le chef de l'État était accompagné de l'animateur Michel Drucker, qu'il avait invité à voyager avec lui à bord du Falcon présidentiel alors que le vétéran du service public devait enregistrer avec lui un message aux troupes dans le cadre d'une émission qui leur est consacrée. L'heure du banquet venue, les deux hommes ont pu savourer une ambiance de liesse, ferveur dont les photographies que nous vous proposons témoignent.
Le lendemain, Emmanuel Macron profitait de cette visite express au Tchad pour se focaliser sur des sujets de société qui y sont des chantiers majeurs concernant la condition des femmes (scolarité des filles, politique de natalité, mariages forcés...). Il est ainsi intervenu dimanche devant 400 Tchadiennes engagées pour la cause féminine, promettant de soutenir l'émancipation des femmes au Tchad et en Afrique à travers plusieurs aides.
"J'ai beaucoup choqué au début de mon mandat en disant qu'il existe une bombe démographique en Afrique car la démographie progresse plus vite que l'économie. Derrière, il y a une déscolarisation des jeunes filles et des mariages forcés. (...) C'est d'abord un changement culturel. Si les mamans ne sont pas convaincues que l'avenir de leur fille est dans l'éducation, c'est fichu. C'est à vous de leur dire", a-t-il mis en exergue. Avant de reprendre le chemin de la France et d'un réveillon en famille – sans aucune publicité cette fois.