Camille Muffat, féminine et réservée : 'Je ne vais pas poser en sous-vêtements'

Corps musclé parfaitement moulé dans un maillot de bain une pièce, bonnet de bain et lunettes de natation... C'est dire si les nageuses peuvent parfois renvoyer une image peu glamour. Camille Muffat, championne olympique à Londres l'été dernier en est bien consciente. Mais depuis son triomphe londonien, la Niçoise renvoie une image bien plus féminine et assume malgré tout ce corps fait pour la compétition. Entre deux entraînements, la jolie sirène s'est confiée à L'Équipe sur la place de la féminité dans le sport, et en particulier la natation.

Quand la célébrité rend plus feminine...

Récemment décorée de la Légion d'honneur par François Hollande à l'Élysée où elle est apparue détendue et plus féminine que jamais, Camille Muffat savoure chaque jour depuis son sacre : "De toute façon, je sais que ce n'est qu'une parenthèse. J'en profite quand il faut vraiment en profiter, mais ça reste rare et je continue à privilégier l'entraînement", commente-t-elle ainsi, elle que l'on avait vue au côté d'Alain Delon pour l'élection Miss France. De bons souvenirs que la jeune femme de 23 ans n'oubliera pas de sitôt : "C'était rigolo de côtoyer des gens comme ça, des acteurs, des chanteurs... C'était marrant de voir que notre sport les émerveillait, alors que finalement, nous, on est comme tous les gens, on va voir leurs films. Ils ont une vie de star, alors que nous, on s'entraîne et on a une vie plus simple."

Cette exposition médiatique a également permis à Camille Muffat de se montrer sous un autre jour, "en femme glamour", loin des bonnets et maillots de bain. "C'est vrai, explique-t-elle un brin ironique. Je n'allais pas me montrer en maillot de bain à l'extérieur ! Quand tu es championne olympique, les gens te découvrent à travers des émissions où l'on s'occupe de toi. On te maquille, on te coiffe, tout est facile. Et ensuite, les proches ou des anonymes sur les réseaux sociaux m'ont dit : 'T'es bien comme ça !' Mais au quotidien je ne vois pas trop l'intérêt de me maquiller quand mes journées se résument à maison-piscine."

Et pour cause, la belle, en couple avec son compagnon William, se préfère sans artifices : "Je me préfère au naturel. Je suis jeune, donc sans maquillage, ça va encore. Mais vous savez, avant, il m'arrivait aussi de sortir de l'eau et de m'apprêter ! C'est juste que maintenant les autres s'y intéressent..." Une image qui désormais se décline dans les médias et lui permet ainsi d'attirer plus de sponsors comme elle l'explique à L'Équipe. "Je prend ça comme une chance, nuance-t-elle tout de même, mais il ne faut pas tomber dans l'excès, être tous les jours à un défilé de mode et ne plus s'occuper que de l'image. Je n'en aurais pas le temps. Et puis de toute façon, je ne suis pas comme ça."

Bien dans sa peau, bien dans sa tête

Quant à la fameuse conséquence de la célébrité, qui d'un coup vous fait devenir plus belle : "Forcément, quand on est inconnu, les gens ne s'attardent pas sur vous. Quand on est connu, on est tout de suite un peu élevé au rang d'idole. Alors, je reçois des messages du genre : 'J'aime bien ce que tu fais', 'Oh, je t'ai trouvée bien dans cette émission'. C'est nouveau. Mais ce n'est pas pour ça que je me dis : oh ! là, là ! avant je ne plaisais pas ! On ne m'en parlait pas parce qu'on ne me connaissait pas, c'est tout", avoue Camille Muffat qui précise : "J'ai bien aimé me voir sous un jour différent, maquillée, bien habillée."

La jeune femme, qui passe sa vie en maillot de bain et avoue ne pas être "spécialement complexée" reconnaît cependant être "assez réservée" : "Je ne vais pas non plus poser en sous-vêtements pour une marque." Symbole de ce "bien dans sa peau, bien dans sa tête", la description qu'elle veut bien faire d'elle-même, telle qu'elle se voit : "Forcément assez musclée, ce qui est normal pour une sportive de haut niveau. Mais ça ne me déplaît pas, il faut s'accepter ainsi." Ce qui n'a pas été le cas de nombreuses jeunes filles qu'elle a vues abandonner la natation, une fois l'adolescence venue.

Des nageuses plus femmes

"Beaucoup de gamines de 13, 14 ans arrêtent progressivement de nager parce qu'elles se rendent compte que c'est trop de travail et qu'on devient musclée. J'ai côtoyé pas mal de filles qui disaient : 'Si je fais de la musculation, je n'aurai plus de seins, je vais prendre des bras, des épaules, c'est pas beau.' Si on a ce genre de réticences, on n'a pas vraiment un objectif sportif en tête. Et puis ce n'est pas forcément moche d'être une fille musclée. On n'est pas obligée d'être un gros camionneur, de devenir un monstre... Je n'en ai pas l'impression en tout cas..." Une image qui a beaucoup changé sous l'impulsion d'une nageuse tricolore, Laure Manaudou. Et pas seulement d'un point de vue national : "Depuis Laure, les nageuses sont plus glamour. (...) Si la natation a toujours été belle à voir, les femmes n'étaient pas forcément jolies." Ce qui change complètement aujourd'hui, notamment avec le regard des garçons. "Les hommes nous disent : 'Vous avez un joli corps.' Et des femmes nous envient parce que, même si on est musclées, c'est mieux que d'être toute molle."

Résolument féminine et sportive, Camille Muffat mêle parfaitement les deux aspects de sa personnalité. Eh bien souvent, qui dit femme dit enfants... "Quand je vois Therese Alshammar (nageuse suédoise titulaire de nombreuses médailles, 6e à Londres, ndlr) enceinte à trente-cinq ans, je me dis que je n'attendrai peut-être pas si longtemps, confie-t-elle au moment d'évoquer une future maternité. Il m'arrive d'y penser bien sûr... Mais j'ai encore quelques années devant moi. L'envie d'être mère ne domine pas l'envie de nager."