Elle était la favorite et elle n'a pas failli, apportant à la France sa première médaille en or, après l'argent de la tireuse Céline Goberville et le bronze de la judokate Priscilla Gneto.
Camille Muffat est définitivement sortie de l'ombre de Laure Manaudou ce dimanche 29 juillet en décrochant une médaille d'or sur le 400 mètres nage libre dans un Aquatics Center où les Français donnaient de la voix pour encourager la championne. Et au terme d'une course maîtrisée de bout en bout, ne laissant aucun répit à sa principale rivale Alisson Schmidt, et encore moins à sa compatriote Coralie Balmy, sixième et réconfortée par son homme, Alain Bernard.
"Je ne réalise vraiment pas. Je sais que j'ai gagné, ce qui est rare sur une compétition internationale. C'est une de mes premières victoires et c'est celle qu'il fallait. J'ai montré que je pouvais être là quand il fallait, et là, je pense qu'on ne pourra plus rien me dire. Je l'ai fait, il n'y a plus rien d'important", confiait dans L'Équipe la jeune femme de 24 ans à l'issue de sa course.
Révélée à l'âge de 15 ans après avoir battu Laure Manaudou lors des championnats de France à Nancy en 2005, puis en mars dernier à Dunkerque, Camille Muffat a connu les pires difficultés pour confirmer son potentiel certain au plus haut niveau. Jusqu'au jour où son entraîneur, Fabrice Pellerin, lui demande de choisir entre le crawl et le 4 nages qu'elle pratique alors. Une révélation qui s'accompagne d'un épanouissement personnel pour celle qui avait du mal à accepter son corps, marchait la tête rentrée dans les épaules et prononçait à peine quelques phrases dans un souffle lors des ses interviews. "J'étais pas forcément très bien dans ma peau", justifie-t-elle dans le quotidien sportif. Mais désormais, c'est en femme épanouie, souriante et radieuse qu'elle aborde ses compétitions. Et son homme depuis deux ans, William, n'y est pas pour rien, lui qui avoue s'être occupé du quotidien durant les mois d'entraînement de sa championne, épuisée et les bras tremblants le soir à la maison.
"Quand je rentre le soir, j'ai à peine la force de me mettre sur le canapé pour jouer avec le chat, ajoute-t-elle. Mon copain a géré le quotidien. Je n'ai jamais vu la fin des films à la télé..." Comme son partenaire d'entraînement à Nice, Yannick Agnel, qui a décroché l'or olympique lors du relais 4x100 mètres, Camille Muffat a avalé les longueurs au quotidien, bien plus que ses principales rivales : "Tous les matins, j'étais à 7h dans l'eau, j'ai fait de grosses séances de muscu et, tous les soirs, j'étais morte." Si bien que la nageuse tricolore était sûre de sa force. "J'avais la certitude que j'étais la meilleure, poursuit la nouvelle championne olympique. Après, gagner les Jeux olympiques, ce n'est pas pareil."
Car le but de Camille Muffat était simple : "Je suis surtout très, très contente de n'avoir déçu personne." Bien lui en a pris, car aujourd'hui, la tricolore est sur le toit du monde, sûre de sa force, sûre de son mental. "Une jeune fille n'est pas la même à 16 ans et à 20 ans, et je n'allais pas rester chez mes parents toute ma vie, explique la médaillée. On devient adulte et quand ça se passe bien, ça apporte évidemment de la plénitude dans notre métier." Une plénitude qui pourrait bien offrir une seconde médaille à la Niçoise qui a reçu la première des mains du prince Albert de Monaco : elle concourt en effet aujourd'hui même pour une finale sur 200 mètres... A condition de récupérer après une nuit blanche : "La nuit a été très courte, je n'ai pas réussi à trouver le sommeil, malgré des somnifères du docteur. C'est très dur de réaliser. Cette nuit, au bout de deux heures, j'ai ouvert le tiroir pour sortir ma médaille... et je l'ai rerangée."
Espérons qu'elle pourra très vite y ranger une seconde à côté de la première...