Il y a des rôles qui marquent toute une carrière. Révélée dans Cet obscur objet du désir de Luis Buñuel, récompensée du César de la meilleure actrice pour son rôle dans Trop belle pour toi de Bertrand Blier, Carole Bouquet est aussi passée par la case James Bond. Souvenez-vous. En 1981, elle était la divine Melina Havelock dans le 12e opus de la saga intitulé Rien que pour vos yeux. Et pourtant, la comédienne n'avait pas vraiment envie de tenter l'aventure puisqu'elle avait déjà dit non à une proposition précédente. "Par peur d'être cataloguée à vie comme la très jolie fille, explique-t-elle dans le magazine Vanity Fair. Je l'ai tourné, le James Bond, et je m'y emmerdais un peu. J'étais une jolie plante et c'est très ennuyeux à jouer, la seule beauté."
Impossible pour John Glen de passer à côté de ses traits délicats, de cette distance qu'elle conserve vis-à-vis de son propre charme. A l'époque, Carole Bouquet n'avait aucune conscience de son pouvoir de séduction so frenchy, qui créait pourtant un contraste idéal afin d'évoluer au côté de Roger Moore. "Moi, je ne le savais pas, que j'étais jolie, précise-t-elle humblement. C'est quand je revois les films aujourd'hui que je m'en rends compte. Mais je faisais peur. J'ai toujours fait peur. Les hommes que je connais depuis longtemps, c'est aujourd'hui qu'ils osent me le dire à quel point je les terrorisais. La distance qu'ils avaient avec moi était terrible."
Elle parle de sa beauté comme d'une lumière éteinte, alors que Carole Bouquet continue à porter à bout de bras, à travers le monde, le charme à la française. À l'époque – comme aujourd'hui –, elle ignorait ses atouts, mais la gent masculine était là pour les lui rappeler. Actuellement épanouie au bras de Philippe Sereys de Rothschild, la comédienne de 62 ans a connu des histoires d'amour, différentes, belles, fortes. Mère, grand-mère, elle a été la partenaire de Jean-Pierre Rassam, de Francis Giacobetti, de Jacques Leibowitch ou encore de Gérard Depardieu. Muse de Michel Blanc, d'André Téchiné, de Claude Berri, elle a dernièrement accepté le rôle d'une femme qui a dit stop aux relations et autres artifices dans Chambre 212, de Christophe Honoré. Carole Bouquet, le talent, la classe, le recul et l'autodérision...
Retrouvez l'interview intégrale de Carole Bouquet dans le magazine Vanity Fair, n°77 du 2 mars 2020.