Chaque jour qui passe, l'ex-adjoint à la maire de Paris, Christophe Girard, est un peu plus dans de sales draps... Alors qu'il était déjà fortement affaibli par les révélations sur ses liens avec le décrié écrivain Gabriel Matzneff, - il avait été entendu en tant que témoin dans le cadre de l'enquête ouverte pour viols commis sur mineurs de moins de 15 ans à l'encontre de celui-ci -, il est à son tour dans le viseur de la justice. Ce qui met un nouveau coup de frein à sa carrière.
Des blessures psychologiques durables
Christophe Girard, âgé de 64 ans, est accusé par un homme affirmant avoir été victime d'une relation abusive avec lui quand il était mineur dans les années 1990. Visé par une enquête pour viol, il conteste toute relation sexuelle avec lui. Mardi 18 août 2020, il a annoncé à l'AFP son retrait temporaire du Conseil de Paris. Quelques semaines plus tôt, il perdait déjà son poste d'adjoint à la Culture sous la pression d'élus écolos et de féministes ; une charge bruyamment menée par la clivante élue Alice Coffin. "Par souci de sérénité et du bon fonctionnement de la majorité au sein du Conseil de Paris, j'ai proposé à Anne Hidalgo (...) ma mise en retrait le temps de l'enquête préliminaire et pour mieux me défendre", a annoncé via son avocate, l'élu au Conseil de Paris et au Conseil municipal du 18e arrondissement.
Le procureur de Paris Rémy Heitz avait annoncé plus tôt l'ouverture d'une "enquête pour examiner des soupçons de viol par personne ayant autorité". Mais le procureur précise aussi que les investigations devront déterminer, outre l'exactitude des accusations, si "la prescription de l'action publique est acquise" au vu de l'ancienneté des faits. C'est un article du New York Times qui a tout déclenché puisque le journal a recueilli le témoignage d'Aniss Hmaïd, qui a raconté avoir rencontré Christophe Girard en Tunisie à l'été 1989, quand il avait 15 ans, et avoir ensuite été entraîné dans une relation abusive de près de dix ans qui lui a laissé "des blessures psychologiques durables".
L'accusateur qui avoir été sexuellement agressé une première fois lorsqu'il avait 16 lors d'un séjour aux Etats-Unis et aurait été abusé une vingtaine de fois par la suite. Une supposée relation faite de chantage puisqu'en échange l'élu l'aurait employé parfois comme domestique dans sa résidence d'été dans le sud de la France et "lui obtenait des emplois temporaires au sein de la maison Yves Saint Laurent" dont il était l'un des principaux dirigeants avant d'entrer en politique.
Réélue avec succès aux dernières municipales à la tête de Paris, la maire Anne Hidalgo a changé de ton après avoir soutenu bec et ongles son ami Christophe Girard, au point de risquer la rupture avec ses alliés écolos. Sur Twitter, elle a écrit : "Je me satisfais de l'enquête préliminaire qui s'ouvre et qui permettra à la victime de s'exprimer, de participer à la manifestation de la vérité compte tenu de la gravité des faits reprochés à Christophe Girard. En tant que Maire de Paris et militante féministe pour l'égalité des droits, je réaffirme mon soutien indéfectible à toutes les victimes de viols et d'agressions sexuelles et serai toujours à leur côté. Je crois à l'État de droit et ai toute confiance en la justice de mon pays et souhaite que cette enquête se déroule sereinement afin que la vérité judiciaire soit établie."
Dans le même temps, l'avocate de l'élu, Delphine Meillet, a pris la parole pour dénoncer cette enquête. "La personne qui met en cause Christophe Girard n'a pas porté plainte, même aujourd'hui, et elle a préféré contacter les journalistes. On peut imaginer qu'il ne voulait pas être confronté à l'institution judiciaire, qui juge avec impartialité et sagesse, et il a privilégié la justice médiatique. Le parquet se sent obligé d'ouvrir une enquête au regard de la pression médiatique (...) Mais juridiquement ça ne tient pas une seule seconde", estime-t-elle, notamment puisque M. Hmaïd affirme avoir été "consentant", tout en disant avoir été pris dans un "engrenage".
Christophe Girard reste innocent des faits reprochés jusqu'à la clôture de l'enquête ou du jugement définitif de cette affaire.