Dans un long texte publié dimanche soir sur son site internet, et intitulé La Cinquième Maison, Duffy raconte la terrible expérience qu'elle a vécue il y a quelques années : elle a été droguée, séquestrée et violée durant plusieurs semaines. Le 5 avril 2020, la chanteuse galloise de 35 ans s'est confiée en détail sur ce traumatisme qu'elle a gardé secret pendant près de dix ans. Incapable d'évoquer cet "incident", elle a même envisagé de changer d'identité pour commencer une nouvelle vie dans un autre pays.
"Nous traversons une période trouble, où nous n'avons pas vu une telle inquiétude nationale et globale depuis la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, il est plus que jamais important de penser à l'impact que nous avons les uns sur les autres", affirme-t-elle d'abord, faisant ainsi référence à la crise du coronavirus. Tout en mettant en garde ses lecteurs sur le caractère "bouleversant" de ses mots, l'interprète explique être enfin prête à se "libérer" de ce "sombre secret", même si plusieurs proches le lui ont déconseillé : "Je pensais que divulguer au public mon histoire détruirait ma vie, émotionnellement, mais cacher mon histoire détruisait bien plus ma vie. Je crois que ne pas chanter me tue."
"Le viol m'a dépouillée de mes droits humains, de la possibilité d'expérimenter une vie sans peur. Il a déjà volé un tiers de ma vie (...). Personne, absolument personne, n'a su ce qu'il s'était passé (...). C'était mon anniversaire, j'ai été droguée dans un restaurant, j'ai été droguée les quatre semaines suivantes et emmenée dans un pays étranger. Je ne me souviens pas être montée dans l'avion, raconte-t-elle. On m'a mise dans une chambre d'hôtel et la personne est revenue et m'a violée (...). J'ai envisagé de fuir dans une ville voisine pendant qu'il dormait, mais je n'avais pas d'argent et j'avais peur qu'il appelle la police (...). Je ne sais pas comment j'ai eu la force de supporter ces jours."
Duffy explique ensuite être revenue chez elle avec son agresseur, toujours par avion : "Je me suis assise, hébétée, comme un zombie. Je savais que ma vie était en danger immédiat, il avait vaguement confié vouloir me tuer (...). Il m'a droguée dans ma propre maison pendant quatre semaines, je ne sais pas s'il m'a violée pendant cette période." S'est ensuivi un second voyage à l'étranger à bord d'une voiture, mais cette fois-ci sans drogue : "Ce qui me fait penser qu'il me donnait des drogues dures et ne pouvait pas voyager avec (...). Après ça, quelqu'un que je connais est passé chez moi et m'a vue sur mon balcon, le regard dans le vide, enroulée dans une couverture. Je ne me souviens pas être rentrée chez moi. La personne a dit que j'avais la peau jaune et que j'avais l'air d'être morte."
Bien qu'elle ait eu peur d'aller voir la police, l'interprète de Mercy a été contrainte de raconter son agression à deux reprises après qu'on l'a menacée d'une révélation publique et que trois hommes ont tenté de s'introduire chez elle : "L'identité du violeur est entre les mains de la police, c'est entre elle et moi." Aidée par une psychologue spécialisée, la chanteuse est finalement sortie de l'isolement qu'elle s'imposait : "Je n'ai pas honte de dire que j'ai passé presque dix ans complètement seule et que ça me brûle encore le coeur de l'écrire. Je me dois de le dire, je me sens obligée d'expliquer à quel point la guérison a été difficile."
Elle poursuit enfin : "Vous devez vous demander où était ma famille ? Ceux qui voulaient aider étaient juste trop loin. Le fait que je me cache, cette dernière décennie, signifie que j'étais étrangère à tous. Je n'étais plus la même personne depuis tellement longtemps. Tout ce que je peux dire, c'est que rassembler les morceaux brisés a pris énormément de temps (...). J'ai déménagé cinq fois dans les trois années qui ont suivi, ne me sentant jamais en sécurité, je fuyais (...). J'ai trouvé où vivre, la cinquième maison. Je me sens en sécurité maintenant."
Après cette expérience épouvantable, Duffy envisage un retour à la musique, même si elle pense qu'elle "ne plus jamais la personne que les gens connaissaient" : "Ma musique sera jugée sur sa qualité et cette histoire sera quelque chose que j'ai vécu et non quelque chose qui me définit."