À 42 ans, Jared Leto a arraché son premier Oscar du meilleur acteur dans un second rôle, remporté haut la main devant la concurrence. Pendant toute la saison des prix, le rockeur repenti, transformé en transsexuel pour les besoins de Dallas Buyers Club, a brillé devant ses rivaux, sans jamais les laisser espérer l'ombre d'une victoire. Une domination sans partage concrétisée en beauté aux Oscars 2014, sous les yeux émus de sa mère, Constance Leto, et de son frère et batteur de son groupe 30 Seconds to Mars, Shannon Leto. Une apothéose également symbolisée par un discours de toute beauté, probablement dans ce qui restera de plus fort cette année en matière d'acceptance speech.
Les critiques pendant la saison des récompenses, les accusations d'homophobie aux Golden Globes... rien n'aura réussi à entacher le triomphe de Jared Leto cette année. L'acteur de Dallas Buyers Club, film où il incarne Rayon – un transsexuel pour lequel il s'est transformé physiquement pour ne jamais apparaître comme Jared Leto, selon les dires du réalisateur Jean-Marc Vallée que nous avons rencontré peu de temps avant la sortie du film –, s'est offert un superbe bouquet final au Dolby Theatre et devant un milliard de téléspectateurs. Dans son discours, des remerciements à ses rivaux, en passant par ses complices de tournage, sa famille et quelques mots aux engagés pour la démocratie qui luttent en Ukraine et au Venezuela, Jared Leto a servi un brillant déroulé, fluide, pertinent et surtout bouleversant.
"Maman, merci de m'avoir appris à rêver"
"À mes collègues nommés, je suis tellement fier de partager ce voyage avec vous. J'ai beaucoup de respect pour vous tous. À l'Académie, je vous remercie, a débuté le comédien, avant de jouer les narrateurs émouvants. En 1971, à Bossier City en Louisiane, il y avait une adolescente qui était enceinte de son deuxième enfant. En décrochage scolaire, mère célibataire, elle a quand même réussi à avoir une vie meilleure, pour elle-même et pour ses enfants. Elle a encouragé ses enfants à être créatifs et à travailler dur pour devenir des personnes spéciales. Cette fille, c'était ma mère, et elle est ici ce soir. Je veux juste te dire 'je t'aime maman, je te remercie de m'avoir appris à rêver'."
Difficile de masquer de l'émotion. Il poursuit sans transition avec une pensée pour l'Ukraine et le Venezuela : "Ceux qui luttent pour faire de vos rêves la réalité et vivre l'impossible, nous pensons à vous ce soir." Avant de quitter la scène, il a nettoyé ses errements des Golden Globes avec une autre pensée pour toutes les personnes atteintes du sida : "Pour les 36 millions de personnes qui ont perdu la bataille contre le sida. Et pour ceux d'entre vous qui ont déjà senti l'injustice pour de ce que vous êtes ou ceux que vous aimez, je me tiens ici devant le monde avec vous et pour vous." Bri-llant, tout simplement.