Jeffrey Epstein (66 ans) s'est-il vraiment suicidé ? Inculpé pour de multiples agressions sexuelles sur mineures, l'homme a été retrouvé pendu dans sa cellule, le 10 août 2019. Qualifiée samedi d'"apparent suicide" par l'administration pénitentiaire, les causes de sa mort restent toutefois à confirmer selon l'AFP. En attendant les résultats de l'autopsie pratiquée le 11 août 2019, la médecin légiste en chef de New York Barbara Sampson a indiqué avoir besoin de "plus d'informations" avant de pouvoir rendre ses conclusions. D'autant que de nombreux éléments étranges sur les circonstances de sa mort sont apparus depuis la découverte de son corps.
Alors qu'il était incarcéré dans l'une des prisons les plus réputées du pays, le Metropolitan Correctional Center, des responsables pénitentiaires ont indiqué de manière anonyme à certains médias que les procédures prévues pour la surveillance de Jeffrey Epstein n'avaient pas été respectées. Tout d'abord, des rondes, prévues toutes les 30 minutes, n'auraient pas eu lieu. L'homme était seul dans sa cellule alors que la règle veut qu'ils soient deux. De plus, les gardes en charge de sa surveillance faisaient tous deux des heures supplémentaires. Autre fait troublant, Epstein ne bénéficiait plus d'une surveillance renforcée anti-suicide, alors qu'il avait apparemment tenté une première fois de mettre fin à ses jours le 23 juillet. Des failles de sécurité cruciales pour un détenu aussi important que Jeffrey Epstein.
Accusé d'avoir abusé de jeunes filles dans ses luxueuses résidences en les forçant à des "massages" qui tournaient presque toujours aux rapports sexuels forcés, l'homme encourait 45 années d'emprisonnement. L'affaire a pris des proportions très importantes puisque de nombreux hommes de pouvoir pourraient également être impliqués dans ce trafic. Jeffrey Epstein auraient en effet invité des personnalités haut placées dans ses jets privés ou à ses soirées, dont Donald Trump, Bill Clinton ou le prince Andrew, fils de la reine Elizabeth II. Certains d'entre eux risquaient ainsi de se retrouver soupçonnés dans cette affaire. Virginia Giuffre, victime de Jeffrey Epstein ayant intenté une action au civil, aurait également cité dans sa déposition plusieurs hommes politiques. Tous ont démenti.
#EpsteinMurder
Sur les réseaux sociaux, une théorie du complot rejetant l'idée du suicide s'est créée sous le hashtag #EpsteinMurder. Le président américain Donald Trump a alimenté les rumeurs de complot en retweetant le 10 août 2019 une vidéo affirmant qu'Epstein "avait des informations sur (l'ex-président) Bill Clinton" et en sous-entendant qu'il serait lié à sa mort. Suite à l'emballement qu'a provoqué ce tweet sur Internet, le sénateur du New Jersey Cory Booker a déclaré : "Ce que (Trump) fait est dangereux : il donne vie non seulement à des théories du complot mais il fait aussi monter la colère et pire contre certaines personnes."
Les secrétaires d'Etat Marlène Schiappa (Egalité femmes/hommes) et Adrien Taquet (protection de l'enfance) ont réclamé lundi l'ouverture d'une enquête en France. "L'enquête américaine a mis en lumière des liens avec la France. Il nous semble ainsi fondamental, pour les victimes, qu'une enquête soit ouverte en France afin que toute la lumière soit faite", écrivent les deux ministres dans un communiqué, sans donner plus de détails à ce stade.