Quatorze années de vie commune se sont terminées sur une grosse déception, laissant au couple que formaient Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat un goût amer. Une quatrième place aux Jeux olympiques de Sotchi qui réveille les vieux démons qui gangrènent le patinage artistique depuis des années. Une fin de carrière entre pleurs et colère...
Doubles champions d'Europe en 2011 et 2012, troisièmes des mondiaux 2012, Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat espéraient sans doute une sortie plus à la hauteur de leur incroyable carrière, pleine de créativité, d'innovations et de poésie. "Une légèreté novatrice", comme l'écrit L'Équipe, qui était encore de sortie à l'occasion du programme libre de cette danse qui a si longtemps enchanté le public. Une variation sur le thème du Petit Prince et sa rose presque parfait, si ce n'est ce porté un poil trop long, sanctionné d'un point de pénalité.
Un détail, alors que les tricolores, qui échouent au pied du podium, voient le jeune couple russe composé d'Elena Ilinykh et Nikita Katsalapov terminer loin devant, derrière les Américains Davis-White et les Canadiens Virtue-Moir. Avec une interprétation exceptionnelle du Lac des cygnes qui leur permet d'obtenir des notes qui ne finiront pas de faire parler. Ils gagnent en effet plus de sept points par rapport à leur prestation réalisée lors de l'épreuve par équipe effectuée il y a une semaine avec le même programme.
"Passer de 103,48 à 110,44 points en une semaine, c'est phénoménal, lâchait un Fabian Bourzat ironique. Félicitations aux Russes, c'est impressionnant." Un résultat "à domicile" pour les Russes, qui rappelle les heures sombres du patinage artistique, les petits arrangements entre amis ou les notations politiques pour favoriser tel ou tel pays. Et en voyant le panel des juges amenés à noter leur prestation, Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat n'avaient pas "de gros espoirs". Didier Gailhaguet, président de la Fédération française et lui-même impliqué dans un scandale lors des JO de Salt Lake City qui lui avait valu trois ans de suspension, explique : "La composition était plus favorable aux Russes. Il y a des gens qui apprécient plus certains styles de patinage. Le nôtre est créatif mais il manque un peu de fougue, d'amplitude et des juges y sont plus attentifs. Le classement est respectable."
Mais Nathalie Péchalat était loin d'être du même avis. "On ne se prépare pas à chaque fois à se faire manger la gueule par des Russes un peu trop gourmands", confiait-elle les larmes aux yeux. Même son de cloche chez son partenaire Fabian Bourzat : "Dans notre carrière, on a fait et donné beaucoup plus à cette discipline que tous les médaillés ce soir. On a choisi d'aller à contre-courant. Aujourd'hui, c'est valse ou ballet classique. On ne s'attend plus à grand-chose. C'est ce qui me désespère dans cette discipline."
Et le patineur d'envoyer une dernière pique aux juges avant de tirer sa révérence : "Il faudrait que les juges sortent un peu du milieu du patinage, un sport très poussiéreux et regardent Danse avec les stars pour voir ce qu'on peut faire en danse." Un sentiment d'injustice, d'incompréhension pour Nathalie Péchalat. "Soit on accepte d'être soumis à un jugement humain, soit on fait autre chose, ajoutait-elle en pleurs. Mais nous, on aimait le côté artistique, qui finalement n'est pas récompensé. On se retrouve dans une impasse. On a dû se tromper de discipline."