C'est la belle réussite du cinéma français cette année : déjà récompensé par une Palme d'Or à Cannes, par deux Golden Globes, un BAFTA et six César, Anatomie d'une Chute est reparti dimanche 10 mars avec un Oscar, celui du meilleur scénario. Un prix très prestigieux, qui a particulièrement ému sa réalisatrice, Justine Triet, montée sur scène avec son coscénariste Arthur Harari, et qui a avoué être légèrement dépassée par cette "folle année". Avant de remercier, avec humour, les votants de l'aider dans sa "crise de la quarantaine" !
Une crise de la quarantaine, elle qui a eu 45 ans l'été dernier, qu'elle vit justement aux côtés de ce coscénariste discret mais essentiel : depuis 2008, les deux complices vivent en effet une belle histoire d'amour et ont fondé leur famille avec leurs deux filles, Liv et Rebecca (nées en 2011 et 2019). Une love story qui avait pourtant très mal commencé. Lors de leur rencontre, tous les deux ne s'étaient pas vraiment aimés !
Une rencontre qui remonte à 2007. A l'époque, chacun présente un court-métrage au festival de Brive mais tous les deux s'agacent passablement. Heureusement, le destin les aide à se recroiser. L'été suivant, Justine Triet finit par l'inviter pour fêter ses 30 ans. Et cette fois, ils ne se quitteront plus, puisque la jeune femme tombe enceinte de leur première fille rapidement. Une success story qui ne s'est plus arrêtée depuis !
Il faut dire que tous les deux ont trouvé un équilibre, à la maison comme au travail. "Je n'ai pas attendu #MeToo pour que la personne qui vit avec moi travaille presque plus que moi avec les enfants à la maison. Je m'organise pour ne pas sacrifier mes ambitions", avait notamment expliqué la réalisatrice au Parisien. Des ambitions qu'ils ont fini par vivre à deux, après l'écriture de ce scénario pendant le confinement, "coincés dans [leur] appartement" avec "deux enfants collés devant les dessins animés".
"Etrangement, personne n'est mort", en avait d'ailleurs plaisanté la réalisatrice sur la scène des Golden Globes. Mais jamais, à l'époque, le couple n'aurait pu penser que tout cela irait aussi loin... ni serait aussi fatiguant. Car l'année, et particulièrement ces derniers mois, pour la campagne des Oscars, ont été particulièrement épuisants.
Heureusement entourés de leurs acteurs, Swann Arlaud, Milo Machado-Graner, Antoine Reinartz et Sandra Hüller (repartie bredouille dans la catégorie Meilleure actrice), ainsi que de leurs producteurs, ils ont en effet du enchaîner réceptions, réunions et séances photos pendant plusieurs semaines. Une "véritable campagne électorale", selon le journaliste Didier Allouch, qui rappelle qu'il faut, "se rendre populaire plusieurs mois" pour espérer gagner et se vendre à toutes les stars hollywoodiennes.
Un "long tunnel" pour Justine Triet, "sur le pont chaque jour de 8 heures à 23 h 30" selon sa productrice Marie-Ange Luciani. Et si tous avaient hâte de retrouver leur monde habituel, loin des paillettes et du glamour, ils considéraient, selon nos confrères du Parisien, avoir déjà gagné en ayant fait tout cela. Alors imaginez leurs visages radieux avec une statuette pour couronner tout ce travail !