X Factor saison 3, ou Nouvelle Star saison 9 ? Du côté de M6, on se pose enfin ouvertement la question, en constatant les piètres scores d'audience accusés par le télé-crochet actuellement en place chaque mardi soir, qui était jusqu'à maintenant amnistié et soutenu contre vents et marées (survendu, même) comme un concept digne d'exploser. Bonjour le rétro-pédalage...
Après avoir mangé son pain blanc pendant près de sept ans grâce à la formule Nouvelle Star, M6 a tenté d'anticiper l'érosion naissante du programme en lui substituant X Factor, concours de chant ouvert à tous qui rend les Britanniques hystériques depuis plusieurs saisons et qui avait connu un galop d'essai favorable sur W9 (pas loin de 700 000 fidèles en moyenne, sur la petite soeur de la TNT). Mais le public n'a pas suivi le mouvement, et les partisans de Nouvelle Star sont pour beaucoup, aujourd'hui, les détracteurs de X Factor, qui surnage très péniblement au-delà des 10% de part d'audience avec une moyenne de moins de 2,4 millions de téléspectateurs sur la partie en live (depuis avril) - contre 3,4 millions et plus de 14% de part de marché pour la dernière saison de Nouvelle Star.
Dans un entretien accordé à PureMédias et à paraître prochainement, Nicolas de Tavernost admet sans ambages que X Factor est une "insatisfaction". Et de remettre à l'ordre du jour, alors que la chaîne a déjà commandé la mise en chantier d'une nouvelle saison de X Factor, la question de la suite à donner : "il y aura probablement une saison nouvelle, soit de X Factor, soit de Nouvelle Star", pose le boss de la Six. Outre le fait qu'il évoque très officiellement l'option d'un retour de Nouvelle Star à l'antenne, on constate que Nicolas de Tavernost en fait une alternative (soit l'un, soit l'autre) quand la directrice des programmes Bibiane Godfroid évoquait l'an dernier, en amont du lancement de X Factor, la possibilité d'une alternance entre les deux programmes. On a la confirmation en tout cas, de la bouche même de l'intéressé, que Nicolas de Tavernost ne veut pas se passer d'un programme musical de type télé-crochet la saison prochaine, tandis que TF1 s'essaiera au talent-show à l'aveugle avec The Voice.
On s'étonnera tout de même, dans les extraits publiés par PureMédias, de l'analyse effectuée par Nicolas de Tavernost : "C'est un échec relatif difficile à comprendre et à analyser. Est-ce que c'est le genre qui est fatigué ou est-ce que c'est l'émission qui n'était pas adaptée, c'est compliqué. Quand on regarde à l'étranger, le genre n'est pas fatigué. Je pense quand même que dans ce type d'émissions, il y a une certaine forme de répétitions, peut-être, qui sature le public. C'est la seule explication, avec le nom qui est, peut-être, un peu troublant." Aucune mise en cause du profil et du niveau des candidats, franchement médiocre (la plupart des "Nouvelles Stars" ont connu un après, mais qui dans les trois finalistes en lice de X Factor pourrait y prétendre ?), de la non-alchimie et de la condecendance gluante et coupable du jury, ou encore de l'animation datée ? Surprenant, tout de même, de flageller le concept jusqu'au branding, mais de ne pas diagnostiquer le contenu...
Accessoirement, on s'interrogera aussi sur les logiques économiques qui peuvent sous-tendre ces choix stratégiques : Nouvelle Star comme X Factor, en raison de leurs phases de castings, sont recensées comme oeuvres documentaires, éligibles à des subventions émanant du CNC (Centre National du Cinéma et de l'image animée). Une manne conséquente, pouvant éponger une bonne portion des frais de production globaux, allouée pour une durée déterminée d'un même programme. Or, ce cycle de quelques années arrivait à terme concernant Nouvelle Star en 2010, d'où le caractère judicieux du lancement d'un programme équivalent, lui aussi susceptible d'être subventionné - même s'il est évidemment possible de produire un programme sans cette participation.
Seule certitude pour l'instant : il va falloir que cela change, sur M6...
G.J.