Aurélie Valognes est l'une des romancières les plus populaires de France. Sorti en 2014, son premier roman, Mémé dans les orties, a été vendu à plus d'un million d'exemplaires et traduit dans une quinzaine de langue. Après dix ans de carrière, elle sort cette année son dixième roman, La Lignée, paru chez Fayard, une correspondance entre deux écrivaines. Suite à cette décennie de travail, l'autrice est revenue sur son enfance dans un quartier populaire pour La Tribune Dimanche. Fille d'une assistante maternelle et d'un ouvrier qui a grandi dans une cité HLM de Massy, elle a ainsi confié : "Je suis la seule de ma famille à avoir fait de longues études, à avoir étudié à l'étranger..."
Comme son aînée Annie Ernaux, Aurélie Valognes écrit sur des thèmes de société comme les transfuges de classe, l'échec scolaire, les droits des femmes mais également sur l'environnement et les personnes âgées. Aujourd'hui, la romancière assume sa nouvelle vie en tant qu'autrice de best-seller : "Comme toute transfuge de classe, je sais d'où je viens. Je mène une vie privilégiée, j'habite une ville que j'ai choisie, à Dinard, en Bretagne, pas loin de chez François Pinault [homme d'affaires milliardaire français, fondateur des sociétés Artémis et Kering, ndlr]. Mon quotidien est beaucoup plus facile que celui de mon enfance et pour autant, je ne crois pas avoir changé. Au contraire." Elle insiste à propos de son changement de classe sociale, rappelant par cette occasion la réalité de la vie de nombreux Français des classes populaires : "Quand j'ouvre la boîte aux lettres ou que je tends ma carte bancaire, je n'ai plus peur".
Pour celle qui fait partie des dix auteurs les plus vendus en France, même si l'école a eu un rôle important, elle raconte s'être battue pour le devenir : "Tout ce que j'ai appris, c'était par l'école. Et il n'y pas d'école pour devenir écrivain". Par ailleurs, Aurélie Valognes ne cache pas ses convictions féministes : "Le mot 'écrivaine' n'existait même pas, pas étonnant que l'on se sent illégitime." L'autrice signale la difficulté de s'adapter à ce monde culturel qui lui était inconnu : "Je ne connaissais rien à ce milieu littéraire, aux codes, à ce qui se faisait ou pas". Toutefois, Aurélie Valognes a réussi à s'imposer, même dans les milieux les plus élitistes : "Quand j'ai découvert qu'il y avait à la Sorbonne un colloque sur (...) [mes] romans 'feel good', cela a été un choc."