On le sait, Laurent Ruquier est plutôt du genre taquin. Surtout lorsqu'il se retrouve aux commandes de son émission sur RTL, Les Grosses Têtes. Mais l'animateur risque bien de mettre le holà sur certaines de ses blagues. Et pour cause, il est aujourd'hui inquiété par la justice pour des propos qu'il a tenus il y a trois ans. À l'époque, le 29 mai 2017, la figure de France 2 s'était ouvertement moquée de Ludivine Valandro, une artiste de 51 ans, née homme qui a choisi de devenir femme. Cette dernière a attiré l'oeil de l'animateur en oeuvrant en tant que sosie non officiel de Cristina Cordula, comme le prouvait l'affiche de son show.
Invitée ce jour-là dans l'émission, la pro de la mode a donc eu le droit à son lot de blagues graveleuses après avoir été comparée à Ludivine Valandro. "C'est un travesti, c'est grotesque", avait-elle réagi, peu encline à rire. Mais Laurent Ruquier n'avait pas lâché l'affaire. "Si ça se trouve, y en a qui ont passé la nuit avec elle, y a peut-être 15 mecs qui se disent 'Je me suis tapé Cristina Cordula'." Christophe Dechavanne, lui aussi présent ce jour-là, avait alors surenchéri : "Et qui se disent qu'elle a quand même une grosse b...", suscitant les fous-rires. Celle qui n'a pas du tout ri, en revanche, c'est Ludivine Valandro. Le 2 octobre dernier, elle a même porté plainte auprès du procureur de Cusset pour "violences psychologiques" contre Laurent Ruquier ainsi que Christophe Dechavanne.
Je veux qu'ils soient condamnés
L'imitatrice vocale et visuelle installée dans l'Allier n'a pas apprécié d'avoir été tournée en ridicule dans Les Grosses Têtes et elle explique pourquoi : "Ça m'a fait énormément de mal, je me suis sentie humiliée, d'autant que la vidéo a été mise sur les réseaux sociaux. Retour de mon bégaiement, peur de sortir seule, perte de contrats, alors que le sosie de Cristina représentait près de 40% de mon activité au cours de laquelle on ne m'avait jamais traitée de travelo", rapporte Le Parisien. Ludivine estime donc que Laurent Ruquier et Christophe Dechavanne sont responsables de son "coming out forcé". "Notre cliente est désormais marquée du sceau de la transphobie. Cette violence psychologique a encore des retentissements chez elle", assurent ses avocats Mes Gilles-Jean et Jean-Hubert Portejoie, qui ont fait appel à l'expertise d'une psychologue. "Ludivine Valandro a été victime d'insultes ségrégatives sur une radio nationale à une heure de grande écoute. (...) Une partie de sa famille a appris ce que personne n'avait à savoir sans qu'elle le décide. (...) Avec ce mot 'travelo', elle est ramenée à une identité qui n'est pas la sienne", a révélé cette expertise.
À l'époque, Ludivine avait demandé "une sorte de droit de réponse", resté sans suite, alors elle a fini par se tourner vers la justice. "Aujourd'hui, alors que la vidéo est toujours en ligne, accessible à tous, je veux qu'ils soient condamnés", justifie-t-elle. Pour l'heure, Laurent Ruquier n'a pas réagi à cette plainte. En revanche Christophe Dechavanne s'est défendu d'avoir voulu lui nuire intentionnellement. "Si cette personne, dont j'ignorais qu'elle avait été un homme, a été blessée ce jour-là par des propos, dont les miens, j'en suis profondément navré. C'est une évidence, je ne me serais jamais permis de dire cela en connaissance de cause", a-t-il confié au Parisien.