L'ancien juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke, connu pour avoir notamment instruit les affaires Elf, Kerviel ou encore Cahuzac, est mort à l'âge de 71 ans, a annoncé vendredi 10 mai 2024 Eric Dupond-Moretti. A la retraite depuis 2019, ce grand amateur de football, par ailleurs pianiste émérite, a été un des juges emblématiques de la lutte contre la corruption en France et a instruit certaines des affaires politico-financières les plus sensibles des dernières décennies.
"Le juge Renaud Van Ruymbeke nous a quittés. La France perd un grand magistrat et la Justice un immense serviteur. J'adresse mes condoléances émues à sa famille et à ses proches", a écrit le garde des Sceaux sur X (ex-Twitter).
Grâce au Parisien et au Monde, on apprenait comment le juge Renaud Van Ruymbeke vivait ces dernières années, depuis sa retraite en 2019 : il était entouré de sa famille nombreuse, auprès de ses sept enfants et nombreux petits-enfants. A ses côtés, son épouse Bernadette, également magistrate. "Ruymbeke aimait les bons repas et les heures passées sur son piano. Il avait pris sa retraite non loin de Rennes, dans cette Bretagne qu'il appréciait tant et où cet esprit libre aimait cultiver son jardin", écrit le quotidien francilien.
Parmi ses instructions figurent notamment l'affaire Urba, sur le financement occulte du Parti socialiste, des enquêtes sur Jérôme Cahuzac et les époux Balkany, ou encore la complexe affaire des frégates de Taïwan. En 2008, il avait aussi mené l'enquête sur les fraudes géantes du trader de la Société générale Jérôme Kerviel, ce dernier a commenté la nouvelle sur X, à sa manière : "Donc je n'aurai définitivement jamais une expertise indépendante des pertes de la SG."
"Il y a énormément d'argent à nos portes et personne ne fait rien", avait regretté le juge Van Ruymbekelors de la dernière interview accordée à l'AFP, en novembre 2022. Il avait appelé à "la nécessité de prise de conscience", "au moment où les Etats ont des déficits importants, de gros besoins pour les hôpitaux, pour la transition énergétique". "Il incarnait l'image du juge d'instruction indépendant et courageux, et laissera une empreinte indélébile dans l'histoire judiciaire de notre pays", a réagi sur X Rémy Heitz, procureur général près la Cour de cassation.