La cour d'appel de Paris n'est pas tendre avec le trader le plus célèbre de France. Mercredi 24 octobre, Jérôme Kerviel est condamné à cinq ans de prison dont trois ferme et à 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts. Il est jugé responsable de la perte record de la Société Générale en 2008, coupable d'avoir pris à l'insu de sa hiérarchie des positions spéculatives de dizaines de milliards d'euros sur des marchés à risque et d'avoir déjoué les contrôles avec des opérations fictives, de fausses écritures et des mensonges répétés. Jérôme Kerviel était poursuivi pour abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse de données dans le système informatique de la banque.
La cour d'appel, qui n'a pas délivré de mandat d'arrêt à l'audience selon l'AFP, a confirmé dans son intégralité le jugement rendu en première instance en octobre 2010. Le procès en appel s'est déroulé du 4 au 28 juin dernier. L'accusation avait requis la peine maximale pour l'ancien trader, soit cinq ans de prison. L'avocat de Jérôme Kerviel, le médiatique David Koubbi qui avait défendu Tristane Banon dans l'affaire Dominique Strauss-Kahn, dénonce une "injustice lamentable".
Dans la salle d'audience, en costume sombre et chemise blanche, le visage fermé et tendu, Jérôme Kerviel n'a fait aucune déclaration. Âgé de 35 ans, issu d'une famille modeste, Kerviel ne pourra évidemment jamais rembourser la somme qu'il doit à la Société Générale.
Interrogé par l'AFP, David Koubi estime avoir "échoué" dans son rôle : "Nous nous étions fixé comme objectif de défendre M. Kerviel contre une injustice absolument lamentable, je constate que nous avons échoué, a dit l'avocat. (...) Nous allons continuer de soutenir M. Kerviel dans le combat qu'il mène et nous allons maintenant rentrer travailler pour évoquer avec lui la possibilité de se pourvoir en cassation."