"Avec le temps..." Avec le temps, va, tout s'en va, ou presque : la mémoire de Leo Ferré reste, bien vivante, et ça, c'est extra. On n'oublie ni le visage, ni la voix, ni encore les mots précieux de celui qui nous quitta il y a vingt ans, définitivement perdu "dans les rayons de la mort" le 14 juillet 1993, succombant à 76 ans à la maladie, dans sa maison de Toscane.
Né à Monaco, où s'est déclarée sa passion pour la musique entre la chorale de la cathédrale et les coulisses et représentations de l'Opéra de Monte-Carlo auxquels son oncle Albert Scotto lui donne accès, c'est en principauté, où il était revenu en 1939 après ses études à Paris et s'était produit pour la première fois en public en 1941, qu'il fut alors inhumé. Là qu'il fut salué hier encore.
Mardi 11 juin 2013, à un peu plus d'un mois du triste 20e anniversaire de sa disparition, le Rocher s'est souvenu avec émotion de cet enfant du pays et a célébré un peu plus encore leur histoire commune à l'occasion d'une cérémonie sobre et touchante, en présence d'Albert de Monaco et Caroline de Hanovre, mais aussi et surtout de la veuve du défunt artiste, Marie-Christine née Diaz, que Léo avait épousée en 1974 à Florence et qui lui a donné trois enfants (Mathieu, Marie-Cécile, Manuella). Quatre ans après s'être rendue à Paris avec ses filles pour l'inauguration d'un square Léo-Ferré en présence de Bertrand Delanoë et d'Agnès Jaoui, c'est en compagnie de son fils Mathieu et de ses petits-enfants Charlotte et Nicolas, 18 et 15 ans, comme l'ont noté nos confrères de Nice-Matin, que Marie-Christine avait fait le déplacement en principauté depuis la Toscane, où elle réside toujours, pour voir la Salle du Canton rebaptisée Espace Léo-Ferré, au son de quelques notes de C'est extra, joué par l'orchestre municipal. "Une cérémonie toute simple", rapporte encore Nice-Matin, conviviale, mais pas moins bouleversante pour autant : "Les larmes ont vite embué le doux visage de Marie-Christine", émue par ce témoignage d'affection de la principauté et par la présence chaleureuse du prince Albert et de sa soeur, la princesse Caroline (tout juste rentrée d'une visite en République démocratique du Congo pour le Printemps des arts de Monte-Carlo, où elle a mis un point d'honneur, en sa qualité de présidente de l'Amade, à rencontrer des enfants des rues de Kinshasa). Il y a dix ans, le regretté prince Rainier III était d'ailleurs présent pour le baptême de la place Léo-Ferré (ex-place Clichy) à l'initiative de la mairie de Monaco au 10e anniversaire de la mort du poète.
La contribution princière d'Albert et Caroline à l'événement matérialisait bien à nouveau l'attachement des Monégasques à ce "mec bien" qu'était Léo Ferré, comme l'a souligné le maire de Monaco Georges Marsan. Jusqu'au 28 juin, une foule de documents ainsi qu'une trentaine de clichés signés André Villers exposés dans le hall d'accueil de l'Espace Léo-Ferré rappellent encore ce lien puissant.
G.J.