Remarquée au Festival de Cannes, récompensée à Angoulême et à Namur, l'actrice marocaine Loubna Abidar a de quoi être fière de sa performance dans le film Much Loved. Mais c'est désormais une terrible nouvelle qui nous vient de l'actrice : elle a été violemment agressée, rapporte le site de France 24.
La comédienne de 29 an, qui incarne une prostituée dans le film Much Loved de Nabil Ayouch, a révélé dans une vidéo avoir été agressée au Maroc, où le long métrage a été interdit. En sang et en larmes, elle indique ne pas avoir été autorisée à porter plainte. Ainsi, elle diffuse sur les réseaux sociaux le déroulement des faits. Les membres du casting du film ont déjà fait l'objet de menaces, mais, cette fois, une étape a été franchie.
"J'ai été agressée. Les médecins, les cliniques et les commissariats ont refusé de m'accueillir. Je suis allée au grand commissariat de Casablanca en pleine nuit et j'ai été reçue avec des rires. Le policier a dit : 'Enfin, Abidar a été frappée !' Tout cela pour un film que vous n'avez pas vu. Vous en avez vu uniquement ce qu'ils [les autorités marocaines, NDLR] ont voulu vous montrer. Jugez-moi à partir du vrai film", dit-elle dans une vidéo traduite par France 24.
L'histoire de Much Loved : Marrakech aujourd'hui. Noha, Randa, Soukaina, Hlima et les autres vivent de sexe tarifé. Ce sont des putes, des objets de désir. Les chairs se montrent, les corps s'exhibent et s'excitent, l'argent circule au rythme des plaisirs et des humiliations. Mais, joyeuses et complices, dignes et émancipées dans leur royaume de femmes, elles surmontent la violence d'une société marocaine qui les utilise tout en les condamnant.
Avec ce film, le réalisateur Nabil Ayouch a abordé un sujet délicat, mais il ne s'attendait pas à un tel scandale. Le ministère de la Communication marocain avait annoncé, lundi 25 mai, après la projection de Much Loved au Festival de Cannes, l'interdiction de diffusion dans son pays, estimant que le film est "un outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine, et une atteinte flagrante à l'image du royaume". Sur les réseaux sociaux, des pétitions ont circulé contre ce long métrage et des extrémistes s'appuient sur des scènes "dérangeantes" du film pour crier au scandale. Ainsi, Libération indiquait que, "depuis dimanche, ce ne sont plus six minutes d'extraits qui font polémique, mais trois heures quarante de rushs qui ont mystérieusement atterri sur le web marocain. Cette version, qui contient, elle, des scènes de sexe crues non montées dans le film prévu en salles, ont été regardées en trois jours par près de 300 000 personnes".