Il y a quatre mois, la princesse Madeleine de Suède, dans une rare interview en pleins préparatifs de mariage, paniquait un peu en voyant le temps lui filer entre les doigts. A quelques jours de la noce de samedi, la fille cadette du roi Carl XVI Gustaf et de la reine Silvia de Suède semblait mercredi plus que jamais dans le rush : la preuve, elle a été interpellée au volant de sa voiture, un crossover Volvo XC60, en train d'emprunter un couloir de bus dans les rues de Stockholm !
L'affaire, d'apparence anecdotique, suscite quelques remous, et pour cause : la princesse Madeleine, qui circulait en direction du palais royal dans le cadre de l'organisation de la noce, a invoqué auprès des agents qui l'ont appréhendée l'immunité royale en présentant un document papier, une ligne de défense également avancée par les services de la cour. Or, la police a décidé, après consultation des textes de loi, d'engager des poursuites, constatant bel et bien l'infraction et considérant que seul le monarque jouit de l'immunité prévue par la Constitution (chap. 5, § 8).
Les policiers, après avoir découvert qu'ils n'avaient pas affaire à une automobiliste lambda, ont laissé la princesse Madeleine repartir, ignorant si elle était effectivement protégée de toutes poursuites ou titulaire d'un permis spécial. Après vérification, il s'est avéré que la fille du roi, coupable d'avoir voulu éviter les bouchons, est une justiciable comme les autres : "Je peux affirmer qu'elle a été arrêtée au cours d'un contrôle de police, a expliqué au quotidien Aftonbladet le chef de l'unité auteure de l'arrestation, Leif Rydstrom. Le policier qui l'a arrêtée avaient des réserves sur les règles d'immunité, quant à savoir si elles s'appliquaient à toute la famille royale, et sur les règles d'exception concernant les véhicules du parc automobile royale lorsqu'ils sont conduits sur la voie publique. À présent, nous avons vérifié. Les règles d'immunité ne s'appliquent qu'au chef de l'État, pas à elle. Et nous n'avons pas trouvé de cas d'exclusion. Nous sommes donc en mesure de dresser une contravention de 1 000 couronnes (115 euros), et nous allons rédiger un rapport."
Selon un avocat spécialiste des délits routiers, la princesse Madeleine aurait tout intérêt à reconnaître l'infraction et à payer l'amende. Le porte-parole du palais, Bertil Tennert, avait pourtant réagi à "l'affaire" en arguant d'un permis spécial concernant l'usage des automobiles des écuries royales sur la voie publique. Sauf que ce permis spécial ne vaut que dans le cadre de visites d'État, pour l'acheminement des personnalités. "Par conséquent, il ne s'applique pas si la princesse faisait ses préparatifs de mariage, rencontrait des amis ou se rendait au château", glisse assez malicieusement Leif Rydstrom. Qui ajoute que la procédure prendra fin si elle décide de s'acquitter de l'amende. Sinon, ce sera au procureur de décider des suites : "Et je pense qu'il devrait le faire, la loi doit être la même pour tous, sans quoi ce serait l'anarchie", insiste le policier.
Il faut dire que ce n'est pas le premier écart de conduite de la princesse Madeleine. Déjà décriée par une partie de l'opinion pour son côté superficiel, les doutes pesant sur la légitimité de sa rente royale au regard de ses activités peu évidentes, et son exil américain, elle s'est déjà rendue coupable d'autres infractions dans le passé : en 2003, elle avait emprunté une voie interdite à la circulation, malgré plusieurs panneaux, pour aller acheter une enveloppe à la papeterie. En 2007, Aftonbladet publiait un sujet sur les maintes contraventions de la famille royale pour stationnement gênant, la plupart étant du fait de Madeleine.
Pour la noce de samedi, pas de problème en vue : calèche royale ou Cadillac (selon la météo), la route sera tout à elle...