Héroïne de L'Atelier de Laurent Cantet, Marina Foïs incarne un écrivain qui dirige des sessions d'écriture avec un groupe de jeunes en réinsertion. L'un d'eux attire tout particulièrement son attention, en raison de la violence sourde qui l'anime. Des blessures, l'actrice en a aussi. Elle accepte, pour le magazine Psychologies, d'en parler avec une franchise aussi violente que libératrice. Lorsqu'elle parle de la mort de son frère puis de celle son père, elle offre une analyse forte de son histoire.
Le frère aîné de Marina Foïs, Fabio, est décédé en 1999 à l'âge de 31 ans dans un accident d'avion en se rendant à une manifestation de voltige aérienne à laquelle il devait participer. Dix-sept ans plus tard, c'est son papa, Mario, que perd la comédienne. Quand on l'interroge sur la façon dont ces drames ont résonné en elle, l'actrice explique combien elle a vécu différemment ces deux décès : "[Mon père] était malade et il a choisi sa fin. Voilà d'ailleurs un sujet qui me met en colère : je ne comprends pas que la France soit si résistante face à cette question de l'euthanasie. (...) La mort de mon père n'a rien à voir avec la mort de mon frère, qui reste pour moi insoluble dix-huit ans après, je ne supporte toujours pas l'idée que notre conversation soit interrompu." Elle avoue être en colère contre lui : "Si, si, si, je lui en ai beaucoup voulu... Depuis sa mort, j'ai en moi une zone de vide... Mais cela ne m'empêche pas de vivre de grandes joies, de grands amours et de rire beaucoup, souvent, dès que je peux."
"C'est compliqué la mort d'un frère... J'ai eu mal au ventre pendant deux ans après sa mort, avait-elle déclaré dans le même magazine en 2013. (...) Je me souviens de cette interview d'Emmanuelle Devos qui a perdu sa soeur et qui parlait d'amputation. Cela m'a énormément soulagée : elle a mis des mots sur mon histoire." Si l'entretien s'était fait sur un ton particulièrement grave, Marina Foïs avait également tempéré : "Mais tout cela n'est pas que triste. Évidemment que je préférerais que mon grand frère soit vivant, ce serait plus marrant, mais les drames donnent aussi du courage. J'y crois. Le lendemain de sa mort, j'ai fait un sketch en direct et je me suis vraiment marrée."
Au moment où elle affronte la mort de son frère, Marina Foïs fait aussi la connaissance d'Éric Lartigau, qui deviendra le père de ses deux garçons, Lazare (12 ans) et Georges (8 ans). Formant une belle famille avec le réalisateur de La Famille Bélier, elle précise que le couple est la chose la plus mystérieuse et compliquée qui soit : "La longévité n'est pas mon but. (...) La richesse de l'échange, ce que l'on s'apporte l'un à l'autre, c'est ça qui m'importe."
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Psychologies du mois d'octobre.