Marina Foïs à coeur ouvert sur la mort de son frère...
Publié le 29 octobre 2010 à 14:49
Par Samya Yakoubaly | Rédactrice
Cinéphile, elle adore regarder des bande-annonces et des moments historiques à la télévision. Le prochain James Bond ou le discours d’investiture de Barack Obama lui donnent les mêmes frissons.
Marina Foïs Marina Foïs© Abaca
Marina Foïs et Eric Lartigau
Marina Foïs dans L'Homme qui voulait vivre sa vie face à Romain Duris
Psychologies
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La liberté de ton de Marina Foïs s'associe brillamment avec les interviews-analyses de Psychologies Magazine. L'actrice se dévoile avec son bagout si réjouissant, parfois troublant, abordant frontalement son vécu et les épreuves auxquelles elle a fait face. Extraits.

Il était une fois Marina Foïs...

Marina Foïs, 40 ans, 1m62, deux enfants (Lazare et Georges), un mec, le réalisateur Eric Lartigau qui l'a dirigée dans L'Homme qui voulait vivre sa vie... Voilà comment cette ex-Robin des bois entame sa présentation. De ses origines russes, juives, allemandes, italiennes, elle tire une grande liberté et n'aime pas les traditions, citant alors l'écrivain Salman Rushdie : "L'Homme n'a pas de racines, il a des pieds." Puis elle décrit ses parents comme des soixante-huitards très marginaux. Le décor de Marina est posé.

Son histoire familiale n'est pas simple et cette comédienne connue pour son humour décalé et délirant relate des faits qui ont de quoi déstabiliser : "Ma grand-mère s'est planquée pendant la guerre. Son mari, qui n'était pas juif, lui a fait porter l'étoile jaune... Elle n'a pas été déportée, notre famille a été très épargnée, mais personne n'en est sorti indemne." Concernant son rapport à la culture juive, il est délicat : "C'est difficile de décider de ne pas être juif. Même quand on ne croit pas. En fait, je me sens juive avec les goys, et goy avec les juifs."

Ce frère disparu

Après ses origines, Marina Foïs évoque ensuite ses soeurs et frère. Ses petites soeurs, qui ont dix et huit ans de moins qu'elle, sont proches l'une de l'autre (il y a notamment la journaliste d'i-télé Giulia Foïs). Avec son grand frère, de deux ans son aîné, elle était très proche... jusqu'à son décès il y a onze ans dans un accident d'avion : "C'est compliqué la mort d'un frère... J'ai eu mal au ventre pendant deux ans après sa mort. [...] Je me souviens de cette interview d'Emmanuelle Devos qui a perdu sa soeur et qui parlait d'amputation. Cela m'a énormément soulagé : elle a mis des mots sur mon histoire."

Si l'entretien est sur un ton particulièrement grave, Marina Foïs tempère : "Mais tout cela n'est pas que triste. Evidemment que je préfèrerais que mon grand frère soit vivant, ce serait plus marrant, mais les drames donnent aussi du courage. J'y crois. Le lendemain de sa mort, j'ai fait un sketch en direct et je me suis vraiment marrée."

Une franchise violente mais libératrice

Fille d'une psy elle-même petite-fille d'une psy, Marina Foïs explique que, chez elle, aller chez le psy équivaut à aller chez le généraliste. Durant sept ans et trois fois par semaine, elle était en analyse, quand elle a compris que les freins étaient chez elle, pas chez les autres.

Marina Foïs n'aime pas les lieux communs, les tournures de phrases toutes faites et la tyrannie de la bonne pensée. Par exemple, elle estime qu'elle ne fait pas partie de ces femmes qui vivent la maternité comme une évidence : "Ce matin, j'ai encore regardé mes deux enfants et je me suis dit : Putain, c'est moi qui ai fabriqué ça ?"

Dans une précédente interview pour VSD, elle avait expliqué : "Je ne vois pas de lien entre le ventre que j'avais quand j'étais enceinte et les êtres qu'ils sont devenus." De quoi laisser perplexe. Pour Psychologies, elle revient sur cette idée de chair et de lien du sang qu'elle appréhende : "J'aime vivre avec l'idée que je fréquente ma famille parce que l'on a des choses à se dire plutôt que parce que l'on est une famille. Je tiens trop à mon espace vital."

Avec les siens, Marina Foïs n'enjolive pas les tableaux : "Mes deux grands-mères étaient des femmes aigres, pas aimantes, nocives. Il faut dire que les femmes de cette génération ont eu la vie dure, les guerres, pas tellement de liberté, même dans les milieux émancipés. [...] Ma grand mère est morte il y a treize ou quatorze ans, et chaque fois que je passe devant chez elle, je me dis : Yes ! Je ne la verrai plus jamais !" Cette franchise violente, elle ne l'élude pas : "L'analyse a aussi cet avantage de vous aider à assumer vos mauvaises pensées."

Son compagnon, l'homme qui l'a sauvée

C'est ensuite au tour de son compagnon de faire face aux commentaires cyniques de la comédienne : "Je vis avec quelqu'un qui dit toujours : La vie est belle. Dieu sait que j'aime cette personne, mais je pense que c'est la phrase la plus conne du monde ! La vie est d'une violence terrible, elle peut frapper plusieurs fois de suite et n'épargne personne." Sur le thème de la fidélité, Marina ne se veut pas naïve : "Si je devais apprendre un jour qu'il m'a été infidèle, notre relation y survivrait. Même si je suis sûre que j'en crèverais."

Dure, Marina Foïs sait aussi dire ce qui la touche, et ce qui la rend forte. Son homme, en l'occurrence : "Je l'ai rencontré au moment de la mort de mon frère. Il n'a jamais eu peur de ma douleur, mais il m'a interdit de m'y enfermer. Très vite, il m'a forcée à regarder devant. C'était violent. Mais je pense qu'il m'a sauvée. Sans lui, sans cette envie qu'il porte en lui et qu'il m'a communiquée, je n'aurais pas fait la moitié de ce que j'ai fait."

Carburant à l'honnêté et l'humour, Marina Foïs nous offre une interview passionnante et bouleversante, à retrouver dans son intégralité dans Psychologies Magazines du mois de novembre 2010.

Marina Foïs sera le 3 novembre à l'affiche de L'Homme qui voulait vivre sa vie.
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