La nouvelle ne surprendra pas vraiment ses nombreux admirateurs et pourtant, elle n'en reste pas moins marquante : Michel Bouquet, 86 ans, vient d'annoncer qu'il mettait définitivement un terme à sa carrière d'homme de théâtre.
Dans les propos relayés par l'AFP, le comédien explique que l'extrême fatigue est à l'origine de sa décision : "J'en ai marre. C'est une fatigue physique. C'est à n'en plus pouvoir. Quand on est proche du chagrin, de l'abattement, il faut arrêter."
Victime d'un malaise il y a un peu plus d'un an lors d'une représentation du Roi se meurt d'Eugène Ionesco, Michel Bouquet avait tardé à remonter sur scène. Annoncé quelques mois plus tard dans Collaboration de Ronald Harwood, où il devait interpréter Richard Strauss, le comédien avait finalemement abandonné la pièce trois mois avant la première représentation.
Si le théâtre perd l'une de ses figures les plus puissantes, le public peut déjà espérer retrouver l'acteur sur les écrans de cinéma. Contrairement à ce qu'il laissait entendre en février dernier, où il ressortait très fatigué du tournage de La petite chambre, Michel Bouquet ne compte pas abandonner le cinéma : "Je ferai un peu de cinéma. J'aime beaucoup ça. Ce n'est pas pareil. Au théâtre, c'est une épreuve pendant deux heures."
Alors que l'inquiétude gagne déjà les esprits du public, qui pourrait voir dans ce pas en arrière une manière de préparer la fin de sa carrière, le comédien rappelle qu'il vient de tourner un film dans lequel il interprète le peintre Auguste Renoir, et prépare un nouveau projet dont le tournage se déroulera au Canada l'été prochain.
Après une soixantaine de pièces de théâtre et des classiques du septième art comme La mariée était en noir de François Truffaut, La femme infidèle de Claude Chabrol, Toto le héros de Jaco Van Dormael, Comment j'ai tué mon père d'Anne Fontaine et Le promeneur du Champ de Mars de Robert Guédiguian, Michel Bouquet est sans conteste l'un des grands comédiens français.
Il se confiera en toute intimité sur sa passion et ses angoisses dans le documentaire Le temps des vertiges, diffusé le 15 janvier sur France 2. Devenu comédien à force de faire des métiers qu'il n'aimait pas - apprenti pâtissier, mécanisien, dentiste - Michel Bouquet ne manque pas une occasion de partager son regard particulièrement sensible sur un métier pas ordinaire : "C'est un métier très solitaire, comme la peinture. On le fait en public, mais l'essentiel est secret. (...) Mon métier, c'est d'être enfant, ce n'est pas d'être intelligent. J'ai beaucoup de mal à être innocent, parce que je ne suis pas si bête que ça !"