À 21 ans, la jolie Mila Rasule s'apprêtait enfin à toucher son rêve du doigt le jour où son destin a basculé. Sélectionnée lors des élections provinciales de Miss Flandre-Occidentale, la jeune femme réfugiée d'Afghanistan a reçu l'ordre de quitter le territoire.
Depuis 2008, Mila Rasule réside à Ostende en compagnie de ses parents et de sa petite soeur, âgée de 18 ans. La famille originaire de Kaboul a été forcée de fuir le régime taliban pour des raisons religieuses. Afghan de confession musulmane, le père de la jeune femme était menacé de mort depuis son mariage avec sa mère, russe et chrétienne orthodoxe.
"Je n'avais pas le droit d'aller à l'école, raconte la jeune femme dont les propos ont été rapportés par nos confrères de 7 sur 7. Ils ont très souvent demandé à mon papa de divorcer, d'abandonner sa femme mais le jour où un Moudjahidine a débarqué devant notre porte pour me demander en mariage - j'étais encore très jeune -, mon père a estimé qu'il était temps de partir."
La famille de Mila a fait appel à des trafiquants afin de quitter le pays en direction de l'Europe. "La seule chose qui me manque, c'est le beau temps. Je n'avais pas beaucoup d'amis car les gens avaient peur de nous fréquenter", se souvient celle qui a reçu sans difficulté un permis de séjour et espérait bientôt obtenir la nationalité belge. De quoi lui permettre de prétendre au titre de miss Belgique.
Malheureusement, la justice en a décidé autrement. Ses parents ont été convoqués par le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides et, après une nouvelle audition, l'organe a estimé qu'il y avait trop de contradictions dans les faits rapportés. "Nous avons dû aller à la maison communale. Là-bas, nos documents ont été découpés devant nos yeux", raconte la jolie brune désormais sans papiers.
"Lorsqu'ils ont confisqué nos papiers, j'avais les larmes aux yeux. Tous nos espoirs d'une vie meilleure se sont effondrés. Tous mes rêves effacés, comme celui de devenir Miss Belgique. Oui, j'étais heureuse dimanche d'avoir été sélectionnée. Mais mes chances de participer à l'élection de Miss Flandre-Occidentale sont désormais extrêmement faibles", finit-elle de raconter.
La peur au ventre, elle attend désormais que les forces de l'ordre viennent les chercher. Sans savoir ensuite où aller car la Russie, pays d'origine de sa mère, refuse aussi de les accueillir.
Coline Chavaroche