Michel Fourniret n'est plus. À 79 ans, l'Ogre des Ardennes est mort en mai 2021. Mais Monique Olivier, son ex-femme, elle, va être jugée seule à partir du 28 novembre prochain pour les meurtres de Marie-Angèle Domèce, Joanna Parrish et Estelle Mouzin. À 75 ans, l'ex-femme du tueur avait été décrite comme surdouée au QI de 131 et capable de manipuler les enquêteurs, nous rappelle Le Parisien ce mardi 10 octobre. On découvrait ainsi dans le documentaire qui lui était consacré sur Netflix, Dans la tête de Monique Olivier, que ce personnage d'idiote dépassée par les évènements, totalement terrorisée par Fourniret, qu'elle jouait, était loin d'être la réalité. Et pourtant...
Cette expertise réalisée en 2005 par Jean-Luc Ployé se voit aujourd'hui contredite. En avril 2023, dans le cadre de l'instruction sur la mort de Lydie Logé, autre victime potentielle de Michel Fourniret, la juge Khéris a commandé à trois experts de procéder à une nouvelle "évaluation de l'intelligence" de Monique Olivier. La semaine dernière, le rapport a été remis et intégré au dossier de l'ex-femme du tueur. Un rapport qui remet en cause le travail conduit en 2005 puisqu'il conclut que Monique Olivier dispose d'un QI de 92 - très proche de celui de 95 obtenu par les médecins belges qui l'avaient expertisée en 2003 -, soit un niveau d'intelligence "dans la zone basse de la moyenne".
Le fantasme créé depuis quinze ans
Un résultat qui ne change en rien sa responsabilité dans les crimes qu'elle a commis avec Michel Fourniret. En revanche, il pourrait remettre en cause son rôle de leader avancé à plusieurs reprises par certains experts. Quid de ce décalage entre les deux analyses ? Le Parisien révèle l'obsolescence de l'outil utilisé à l'époque par Jean-Luc Ployé pour faire passer ce test de QI à Monique Olivier. Les trois experts sollicités par la juge Khéris montrent ainsi que le test que Philippe Herbelot assure avoir fait passer à Monique Olivier est "un outil de mesure de l'intelligence obsolète" depuis plusieurs années. Et ce qui expliquerait donc une surévaluation de son QI.
Les experts veulent appuyer "sur le fait qu'il n'est pas question d'affirmer que Monique Olivier n'était pas en possession pleine et entière de ses capacités de discernement ou de décision" lors des meurtres du couple. Mais dès leurs premiers échanges avec celle-ci, ils ont rapidement vu qu'elle était "évitante et dépendante", marquée par une "inhibition sociale, une auto-dévalorisation permanente" et un "besoin excessif d'être prise en charge". Ce qui expliquerait largement la facilité d'emprise de Michel Fourniret sur sa personne. Cette nouvelle expertise va pouvoir permettre, selon Me Richard Delgenes, l'avocat historique de Monique Olivier, de la juger "pour ce qu'elle est et non pas pour le fantasme créé depuis quinze ans". Selon lui, le portrait de sa cliente a été longtemps on "faussé". La surdouée du crime, perverse et manipulatrice pourrait n'être donc que pure fabulation.