

En disparaissant, le 25 juillet, Bernadette Lafont a provoqué une vague d'émotion en France, les hommages se multipliant aux quatre coins du pays. La comédienne a succombé dans la matinée, après avoir été placée mercredi soir en réanimation au CHU de Nîmes, a précisé à l'AFP une source hospitalière. Ses proches, le monde du spectacle et les Français attachés à cette artiste talentueuse, au ton décalé et infiniment libre, se sont émus de sa mort à l'âge de 74 ans à Nîmes. Egérie de la Nouvelle Vague, elle avait réussi à concilier exigence artistique et oeuvres populaires. Ses yeux brillants de malice, sa voix si particulière et sa chevelure lumineuse resteront dans les mémoires, autant que sa superbe carrière, remplie d'une centaine de films, téléfilms et pièces de théâtre.
François Truffaut (Les Mistons, Une belle fille comme moi), Claude Chabrol (Le Beau Serge, Les Bonnes Femmes...) et Jean Eustache (La Maman et la putain) ne sont plus là pour rendre hommage à celle qu'ils avaient dirigée. Ce seront les mots émouvants d'une autre artiste, qui avait réalisé l'une des oeuvres majeures de la carrière de Bernadette Lafont qui s'exprimera, Nelly Kaplan, réalisatrice de La Fiancée du pirate, effondrée par la mort de son amie : "Ce qui m'avait séduite chez elle, c'est sa beauté, son talent, un regard extraordinaire et un sourire charmant."
Venue régulièrement au Festival de Cannes, Bernadette Lafont a vu quatre de ses films présentés en compétition officielle : Elise ou la vraie vie (1970), La Maman et la putain (1973), Un divorce heureux (1975) et Violette Nozière (1978). Elle était régulièrement invitée à gravir les marches du palais des festivals et elle a présidé le jury de la cinquième édition du Prix de l'éducation nationale décerné à l'occasion du Festival de Cannes 2007. Le président du Festival de Cannes, Gilles Jacob, a fait part de "sa grande tristesse", parlant d'une "une énorme perte pour notre cinéma".
Réalisateurs et partenaires de l'actrice Bernadette Lafont ont délivré leur message en son honneur. Michel Jonasz sur LCI : "Ça m'a donné vraiment une très profonde tristesse parce qu'effectivement nous étions mari et femme dans le film de Lucien Jean-Baptiste La Première Etoile, et on était cul et chemise. On s'aimait vraiment beaucoup, on s'était bien entendu. On ne peut pas dire que nous étions des amis personnels mais j'aime beaucoup cette femme. Je l'ai vue à l'occasion justement d'une réunion qu'avait organisée Lucien Jean-Baptiste, elle était très bien quand je l'ai vue il y a quelques mois. Elle était vive." Le réalisateur Lucien Jean-Baptiste a choisi RTL pour se confier : "On a réussi à passer le stade professionnel et à devenir des amis, en tout cas pour moi. C'est un monstre du cinéma et je suis vraiment très triste parce que c'était comme une petite mère pour moi [...] J'ai été honoré de connaître cette femme c'était un bonheur."
L'inénarrable Jean-Pierre Mocky avait dirigé Bernadette Lafont dans Le Pactole, Les Saisons du plaisir, Une nuit à l'assemblée nationale et Ville à vendre. Il a également fait part du souvenir qu'il a de cette comédienne :"Elle a démarré avec la Nouvelle Vague alors tout le monde l'a engagée. Chabrol pour Les Bonnes Femmes, Truffaut... Si vous voulez, ça a été l'égérie. Elle était haute en couleur, c'était une fille qui hurlait, qui gueulait tout le temps. Et alors, on s'entendait bien."
Les médias rendent également hommage à Bernadette Lafont : France 5 rediffusera le documentaire Une sacrée Bonne Femme dimanche à 22h25. Philippe Bouvard et ses Grosses Têtes l'avaient reçue le 5 février 2013 : ce vendredi 26 juillet dès 16h, RTL rediffuse cette émission en hommage à l'actrice disparue.
Par ailleurs, Le Figaro rappelle que son statut d'égérie de la Nouvelle Vague fait oublier la grande comédienne de théâtre qu'elle était. De l'expérimental au populaire, elle savait tout jouer. Elle venait même de faire ses débuts à l'Opéra-Comique.