Bernadette Lafont nous a quittés, annonce le site du Figaro. Elle est décédée au CHU de Nîmes, a appris l'AFP auprès du service de communication de l'hôpital. La talentueuse comédienne, qui a toujours revendiqué son côté décalé, est morte ce 25 juillet au matin à l'âge de 74 ans. Cette triste nouvelle intervient après l'annonce par Midi-Libre lundi 22 juillet de son hospitalisation après un malaise, alors qu'elle se trouvait au centre hélio-marin du Grau-du-Roi dans le Gard. Elle avait été prise en charge par les pompiers, puis le Samu, pour être transférée par hélicoptère au CHU de Nîmes. Peu d'éléments sur l'état de santé de l'actrice avaient circulé depuis.
D'après nos informations, Bernadette Lafont devait rejoindre début juillet le tournage de la suite du Petit Nicolas, Les vacances du Petit Nicolas de Laurent Tirard, dans le rôle de la grand-mère, quand elle a été victime d'un AVC important le 1er juillet alors qu'elle se trouvait dans sa maison à côté de Nimes. Transportée immédiatement à l'hôpital de Nîmes, la comédienne de 74 ans s'était battue comme une lionne depuis. Après quelques jours très difficiles et alarmants qui avaient inspiré une grosse inquiétude à son entourage, elle avait récupéré toutes ses fonctions intellectuelles, mais elle restait handicapée sur le côté gauche du corps et s'acharnait à effectuer une rééducation journalière et intense au centre hélio-marin du Grau-du-Roi. Cette rééducation portait ses fruits et tous ses proches étaient sidérés par ses progrès. D'ailleurs, la production du film y croyait très fort et n'avait pas envisagé de remplacer son rôle, alors que le tournage avait commencé depuis fin juin à Noirmoutiers.
C'est une grande dame du cinéma, de la télévision et du théâtre qui s'en va, après une riche carrière étalée sur plus de cinquante années. Née à Nîmes en 1938 et révélée en 1958 par François Truffaut dans Les Mistons, elle a également été dirigée par Claude Chabrol (Le Beau Serge, Les Bonnes Femmes) ou encore Jean Eustache (La Maman et la putain en 1973). Egérie de la Nouvelle Vague, elle fera un beau retour en 1969 dans La Fiancée du pirate de Nelly Kaplan.Dans les années 1980, elle fait sensation grâce à sa performance dans L'Effrontée avec Charlotte Gainsbourg, réalisation du regretté Claude Miller, obtenant le César du meilleur second rôle en 1986. Elle recevra en 2003 un César d'honneur pour saluer son beau parcours. Elle a également reçu en 1995 le prix Reconnaissance des cinéphiles à Puget-Théniers et a été faite Officier de la Légion d'honneur le 14 juillet 2009.
Dernièrement vue truculente dans Le Skylab de Julie Delpy puis dans Paulette, où elle tenait le rôle-titre, celui d'une retraitée vendant de la drogue pour arrondir ses fins de mois, elle était également annoncée au sein de la distribution dans La Deuxième Etoile, deux suites de comédies à succès.
Femme de talent, Bernadette Lafont était une personnalité affirmée, dont le franc-parler transparaissait facilement lors des interviews. Elle revenait ainsi avec passion sur son enfance, sa famille, son mariage avec le comédien Gérard Blain, figure de la Nouvelle Vague lui aussi, et son divorce très jeune, et, bien sûr, le cinéma. Elle épousera ensuite le sculpteur hongrois Diourka Medveczky, son second mari, qu'elle a rencontré à 20 ans. Ensemble, ils ont eu trois enfants, Pauline, Élisabeth et David, et ont eu cinq petits-enfants. Sa fille, l'actrice Pauline Lafont, est décédée en 1988 à l'âge de 25 ans après une chute au cours d'une randonnée solitaire dans les Cévennes.