Pour beaucoup, la pente va être difficile à remonter. Le jeudi 28 mai 2020, Nicolas Bedos a annoncé sur les réseaux sociaux la mort de son père Guy. Difficile d'appréhender la suite sans lui, pour beaucoup d'autres figures du monde artistique qui ont croisé sa route et l'ont partagée. Il avait débuté très tôt en signant la mise en scène d'Arlequin poli par l'amour, de Marivaux... et cumulait, depuis, près de sept décennies de carrière au compteur ! Ceux qu'il avait rencontrés, souvent, étaient devenus des proches, des amis. C'est notamment le cas de Jean-Paul Belmondo, qui a pour ainsi dire fait ses armes en sa compagnie et se rappelle avec tristesse des liens qui les unissaient.
"Après les disparitions de Michel Piccoli, et Jean-Loup Dabadie, la mort de Guy me brise le coeur une fois de plus, se désole Bébel dans les colonnes du Parisien. Il a été mon tout premier ami dans ce métier. Il avait 16 ans, j'en avais 17. En 1951, nous étions partis en tournée avec une pièce de théâtre, Mon ami le cambrioleur, avec notre seule insouciance. Ce fut un fiasco, mais le début d'une grande et belle amitié. Plus qu'un ami, je perds un frère." Depuis que sa disparition a été rendue publique, les hommages coulent à flots, autant que les larmes. Muriel Robin, présente au domicile de l'acteur le soir du décès, a salué la tendresse de l'homme qu'il était, son extrême bienveillance. Pour beaucoup, Guy Bedos a été un mentor. Sous son aile, Michel Boujenah avait eu l'occasion de devenir l'humoriste qu'il est aujourd'hui.
Dévasté, le héros des terres de Ramatuelle a accepté d'en dire davantage à propos de leurs chaleureuses relations. En 1991, ils étaient montés ensemble, sur scène, avec Smaïn. "Je perds un maître mais surtout un ami, raconte-t-il, lui aussi au Parisien. On a tellement ri ensemble. On se voyait régulièrement pour des repas chez lui, sur l'île Saint-Louis. Et puis en Corse pour les vacances... Ce n'est pas seulement nos racines qui nous ont réunis. Il était d'abord un homme tendre, chaleureux, généreux, plein d'empathie, très attentionné. Quand on dînait, il ne parlait presque pas : il écoutait les autres, en rigolant." Guy Bedos considérait d'ailleurs Michel Boujenah comme l'un de ses "fils spirituels", cité comme tel, "ami alors que [leurs] répertoires sont si différents", aux côtés de Nicolas Bedos et de Muriel Robin dans un entretien accordé en 2013 par Guy Bedos à Libération, que le quotidien a republié ce 29 mai au lendemain de sa disparition.