C'est la fin d'une affaire particulièrement sordide. Mercredi 25 avril, le parquet danois a condamné l'inventeur danois Peter Madsen à la prison à vie pour l'assassinat de la journaliste suédoise Kim Wall, venue l'interviewer en août 2017 sur son sous-marin. Dans la nuit du 10 au 11 août, la jeune femme disparaît...
L'affaire avait fait grand bruit, bien au-delà des frontières danoises. Placé en garde à vue et écroué pour homicide par négligence, Madsen avait d'abord dit aux policiers qu'il avait été victime d'une avarie et qu'il avait débarqué Kim Wall la veille au soir. "Je sais qu'elle s'appelle Kim, c'est tout", affirmait-il sans ciller devant une caméra de télévision. Le sous-marin, sabordé par son propriétaire, est renfloué : il faudra une dizaine de jours à Peter Madsen pour confirmer – le 21 août suivant – la mort de la jeune femme à bord. Mais c'est un accident, jurait-il, ajoutant qu'il avait jeté son corps par-dessus bord pour lui offrir une sépulture marine.
Le drame prend un virage plus que sordide lorsque, le même jour, un cycliste retrouve un buste sans tête dans la baie de Køge, la première d'une série de découvertes macabres qui permettront au légiste de lire sur le corps mutilé le scénario de son supplice – sans toutefois parvenir à établir les causes exactes de la mort. Le 24 août, confronté aux examens médico-légaux, Peter Madsen précise sa version des faits. Selon lui, Kim Wall a reçu le panneau de l'écoutille sur la tête et s'est tuée en chutant au fond du sous-marin. L'autopsie ne révélera aucun traumatisme de cet ordre pouvant confirmer ses déclarations.
En octobre, les enquêteurs publient les détails glaçants de l'autopsie : Kim Wall a été violée et torturée. Pas moins de quatorze blessures – dont au moins une infligée alors que la victime était vivante ou à l'agonie – sont identifiées dans et autour de ses parties génitales. Pendant ce temps-là se dessine peu à peu le portrait du présumé assassin, celui d'un homme capable d'accès violents, sexuellement pervers. Dans son disque dur, les enquêteurs trouvent des films fétichistes dans lesquels des femmes sont torturées, décapitées et brûlées.
Mais face au juge, Peter Madsen s'entête et livre sa dernière version. Kim Wall a été asphyxiée par des gaz d'échappement lors d'une dépressurisation de l'habitacle, une thèse contestée par la légiste et une experte, mais jugée possible par un autre expert. De son côte, l'accusation soutient qu'il a tué Kim Wall pour assouvir ses fantasmes sexuels.
Mercredi, Peter Madsen a été reconnu coupable d'avoir commis le meurtre avec préméditation de Kim Wall, de lui avoir infligé des mutilations sexuelles et d'avoir démembré et décapité son cadavre avant de le disperser en mer.