C'est une histoire sordide qui fait la Une des médias suédois. Kim Wall, journaliste âgée de 30 ans, vient d'(être retrouvée morte après avoir été portée disparue depuis 10 jours. Les circonstances de ce décès sont floues et en même temps effrayantes. La jeune femme était partie pour un reportage à bord d'un sous-marin artisanal, entre le Danemark et la Suède. Celle qui avait écrit pour les plus prestigieux quotidiens, du Guardian au New York Times en passant par Libération, couvrant tous les sujets sur tous les terrains - des rescapés indigents du séisme en Haïti aux femmes journalistes en Ouganda, des athlètes américains obèses à l'essor du tourisme en Corée du Nord – a été retrouvée morte à quelques kilomètres de sa ville natale de Trelleborg, en Suède, sur les rives danoises du détroit de l'Öresund.
La journaliste indépendante avait disparu après avoir pris la mer le 10 août à bord d'un sous-marin, l'UC3 Nautilus, en compagnie de l'inventeur du submersible, le Danois Peter Madsen, dont elle souhaitait écrire le portrait. Depuis que le tronc mutilé de Kim Wall, lesté par un morceau de métal, a été découvert lundi 21 août en baie de Køge, à une cinquantaine de kilomètres de Copenhague, l'homme est dans le viseur de la police. Ce dernier avait été secouru par les autorités danoises dans les eaux de l'Öresund, peu avant le naufrage de son sous-marin dont les enquêteurs pensent qu'il l'a volontairement sabordé. Peter Madsen a dans un premier temps affirmé avoir débarqué vivante la journaliste sur la pointe de l'île de Refshaleoen puis s'est ravisé en garde à vue, expliquant que Kim Wall avait succombé à un accident et qu'il avait jeté son corps à la mer dans la baie. L'engin a depuis été renfloué et passé au peigne fin par la police scientifique qui a retrouvé le sang de Kim Wall en abondance à bord.
C'est le petit ami de la reporter qui avait signalé sa disparition le 11 août. Ensemble, le couple devait s'installer à partir du 15 août en Chine. "J'étais si heureuse de savoir qu'elle préparait son déménagement à Pékin, avec son petit ami", a témoigné à l'AFP Yan Cong, l'une de ses amies originaire de Pékin, et camarade de promotion à l'Ecole de journalisme de Columbia (New York), d'où Kim Wall est sortie diplômée en 2014. "Quand j'ai discuté avec elle en juillet, elle m'a dit qu'ils avaient loué un appartement", a ajouté Yan Cong.
La jeune trentenaire, diplômée en relations internationales de la London School of Economics, "donnait la parole aux personnes faibles, vulnérables et marginalisées" selon sa mère. Mais alors pourquoi s'être intéressé à Madsen, un ingénieur autodidacte un peu mégalomane et désargenté qui rêvait d'atteindre l'espace dans une fusée de sa fabrication ? "Elle aurait voulu savoir pourquoi quelqu'un (...) pouvait s'imaginer créer des choses qui le sont normalement par des militaires et des gouvernements puissants", a confié Nina Berman, l'une des professeurs de Kim Wall à l'université de Columbia.
"Lorsque vous regardez ce qu'elle a produit, elle a fait des choses intéressantes sur la Chine, elle est allée en Ouganda, en Corée du Nord, elle pouvait vraiment donner vie aux personnes dont elle racontait les histoires", a témoigné pour l'AFP Tiffany Ap, l'une de ses collègues au South China Morning Post, un quotidien de Hong Kong.