Ce sont les honneurs de la République et de l'armée que Pierre Schoendoerffer a reçus ce lundi 19 mars, aux Invalides à Paris. Cinéaste, romancier et témoin des guerres, il est décédé le 14 mars à Clamart, alors âgé de 83 ans. Un hommage imposant a eu lieu le jour anniversaire de son parachutage à Diên Biên Phu, lieu de la victoire du Vieêt Minh contre la France pendant la guerre d'Indochine le 7 mai 1954. Cette date coïncide également avec celle des accords d'Evian qui mirent un terme à la guerre d'Algérie, qu'il avait couverte en tant que journaliste.
"19 mars 1954 - 19 mars 2012, Pierre Schoendoerffer a tout donné pour devenir un homme," a relevé l'aumônier militaire Blaise Rebotier d'après l'AFP, recteur de la cathédrale Saint-Louis des Invalides, en accueillant le cercueil drapé du drapeau tricolore, lors de la cérémonie religieuse. Dans l'assemblée, ses proches masquaient difficilement leur chagrin. Les regards de sa veuve Patricia et de ses fils Frédéric, cinéaste qui lui a rendu hommage dans les colonnes du Parisien, et Ludovic (acteur) étaient lourds de tristesse. Jacques Perrin était présent, bouleversé par l'émotion. C'est lui qui incarnait le premier rôle de la 317e Section, prix du scénario à Cannes en 1965. Ont répondu présents Jean Rochefort, Jacques Chancel, Claude Rich, Antoine de Caunes, Jean-Jacques Annaud, Benoît Magimel et Florent Emilio Siri. Ce dernier, réalisateur qui vient de dévoiler Cloclo, s'était inspiré du travail de Pierre Schoendoerffer pour L'Ennemi intime.
La suite de l'hommage s'est déroulée dans l'imposante cour d'honneur des Invalides sous les drapeaux en berne. Le Premier ministre François Fillon a prononcé l'éloge funèbre de celui qu'il a décrit comme "le témoin, puis le peintre des sagas lointaines et décriées", devant le regard attentif du ministre de la Défense, Gérard Longuet. Il a poursuivi en évoquant ses oeuvres : "La 317e Section, Le Crabe tambour, Diên Biên Phu, sont les volets magistraux de cette oeuvre qui rendit leurs lettres de noblesse à l'engagement de nos militaires, à cette jeunesse dont on ne dira jamais assez combien elle souffrit de l'incompréhension, du rejet et parfois de l'oubli de nos compatriotes." Le cercueil était porté par onze paramilitaires en tenue, escortés de trois légionnaires en képi blanc.
Les réalisateurs Régis Wargnier et Jean-Claude Brisseau, les écrivains Daniel Rondeau, Yann Queffélec, Jean Raspail et Patrick Poivre d'Arvor, l'acteur Jean-François Balmer , le photographe Yann Arthus-Bertrand et ceux des lignes de front, comme le neveu de Schoendoerffer, Patrick Chauvel ont répondu à l'appel.
L'armée française a tenu à ce que ce rassemblement soit le plus digne et noble possible. Les anciens combattants, pour certains prisonniers en Indochine comme le fut le réalisateur lui-même, ont fait le déplacement. "Les épaulettes, les képis et les manches étoilées, les casoars des Saint-Cyriens et les gerbes de fleurs de l'état-major des Armées, de celui de la Marine, de l'Armée de terre disent l'affection et le respect que les combattants, anciens ou futurs, portaient à Pierre Schoendorffer : 'A notre ami et modèle'", rapporte l'AFP. L'émotion était intense quand Paul, son petit-fils, a lu la lettre de Joe Anderson, l'ex-lieutenant américain de La Section Anderson, documentaire de Schoendoerffer qui obtint l'Oscar en 1967. Puis virent les notes de La Marseillaise. Son inhumation est prévue au cimetière du Montparnasse.
La télévision l'avait mis à l'honneur la semaine dernière, Pierre Schoendoerffer aura sa place à la radio dès lundi 20h et ce, jusqu'au vendredi 23 mars, avec la diffusion d'une série d'entretiens inédits sur France Culture.