Figure du cinéma japonais, le réalisateur Nagisa Oshima est mort à 80 ans des suites d'une infection pulmonaire le 15 janvier, selon une information dévoilée par la chaîne NHK. Derrière lui, dureront éternellement ses oeuvres L'Empire des sens et Furyo, films à scandale tant par leur aspect transgressif que politique.
Sexe, violence et crimes ont marqué le cinéma de Nagisa Oshima, originaire de Kyoto au Japon. Après la Seconde Guerre mondiale, à la fin des années 1950, le Japon tente de se remettre de son traumatisme. Une douloureuse période dont Oshima a extrait l'essence pour faire ses films, refusant d'oublier le passé. Sans concession, il livre des images du Japon et optera pour les thèmes de la violence, le désir ou encore le sadomasochisme. Ce qui deviendra les aspects marquants du cinéma asiatique. Souvent comparé à Pier Paolo Pasolini, Nagisa Oshima se distingue de son compatriote Akira Kurosawa.
Diplômé en droit et en politique, Nagisa Oshima devient assistant de réalisation aux studios de la Shochiku d'Ofuna jusqu'en 1959, auprès notamment, de Masaki Kobayashi, Hideo Oba ou encore de Yoshitaro Nomura. Cette même année, il signe son premier film Une ville d'amour et d'espoir. Il fait scandale dès les années 1960 avec Nuit et brouillard du Japon par son traitement du traité américano-japonais. Le film sera retiré de l'affiche et le réalisateur s'en ira pour se lancer dans des productions indépendantes.
Trois films viennent tout de suite à l'esprit quand on cite le nom de Nagisa Oshima. L'Empire des sens (1976), une histoire d'amour entre une prostituée et son amant, comprenant troubles psychiatriques, mutilations et alcoolisme. Inspiré d'un fait divers, L'Empire des sens, interrogeant les limites de l'érotisme, provoque un vrai scandale et la censure en raison de son caractère pornographique, mais il sera présenté au Festival de Cannes. Viendra Furyo (1983) avec David Bowie, Ryuichi Sakamoto (qui signera également la sublime musique) et Takeshi Kitano, drame sur un officier prisonnier de guerre britannique dans un camp de concentration japonais. Max mon amour (1986) ne déroutera pas moins, puisqu'il raconte la relation amoureuse entre une femme, incarné par Charlotte Rampling, et un chimpanzé...
Réalisateur de plus d'une vingtaine de longs métrages, Nagisa Oshima terminera sa carrière avec Tabou en 1999. Pour ce film, il retrouve Takeshi Kitano pour le récit de la vie dans une milice de samouraïs à la fin du XIXe siècle et la question de l'homosexualité. Obligé d'arrêter le cinéma en raison d'une paralysie, il gravera à jamais son nom dans les annales du cinéma japonais et mondial.