C'est une déconvenue dont cet ardent défenseur de la cause animale se serait bien passé. Nicolas Vanier, réalisateur à qui on doit Belle & Sébastien, Le Dernier Trappeur ou encore Loup, est visé par une plainte après la perte de 500 oeufs de flamants roses lors de repérages pour un long métrage. Le cinéaste a annoncé dès ce lundi 2 juillet à l'AFP avoir renoncé à poursuivre en petite Camargue (Gard) le tournage de son prochain film, Donne-moi des ailes.
Il est reproché au réalisateur de 56 ans d'avoir survolé, début juin et à l'aide d'un ULM, la seule colonie de flamants roses de France, installée dans les salins d'Aigues-Mortes, un lieu reculé. C'est ici que cette espèce de phoenicopteriformes vient pour couver ses oeufs, selon l'association France Nature Environnement, à l'origine de la plainte. Le survol à basse altitude avait créé une panique chez les oiseaux, et un nid sur dix avait été abandonné, en pleine période de couvaison. "Cinq cent couples sur les 4 500 que comprend la colonie ont abandonné définitivement leur oeuf", ajoute la FNE.
Ironie de l'histoire, le film tourné par Nicolas Vanier "parle de la protection des oiseaux". Le long métrage porté par Jean-Paul Rouve et Mélanie Doutey suit Christian, un scientifique visionnaire qui étudie les oies sauvages. Pour son fils, adolescent obnubilé par les jeux vidéo, l'idée de passer des vacances avec son père en pleine nature est un cauchemar. Pourtant, père et fils vont se rapprocher autour d'un projet fou : sauver une espèce en voie de disparition, grâce à l'ULM de Christian ! Commence alors un incroyable et périlleux voyage...
"La présence de cette espèce emblématique (...) exigeait les plus grandes précautions", a pointé l'association, qui a porté plainte pour perturbation intentionnelle et destruction d'oeuf d'espèce protégée. Interrogé par l'AFP, Nicolas Vanier a expliqué que le pilote de l'ULM travaillait pour un prestataire extérieur à sa société de production, et qu'il avait mis fin immédiatement à leur collaboration après l'incident. "Un plan de vol avait pourtant été remis à ce pilote indiquant précisément les zones à éviter. Ils ont été jouer à faire s'envoler des oiseaux, j'ai été scandalisé", a regretté le cinéaste, qui estime ne pas pouvoir être "tenu pour responsable".
Pour tenter de "réparer ce qui peut l'être", le cinéaste a proposé aux acteurs locaux de parrainer une population de flamants roses, de permettre d'utiliser le film dans un cadre pédagogique et d'intégrer les associations à la présentation du film dans la région. Il promet également de se faire "le porte-parole des problématiques dont souffrent les oiseaux migrateurs". Le tournage, quant à lui, se poursuivra dans les semaines qui viennent en Norvège.
Ce n'est pas la première polémique qui frappe Nicolas Vanier. Le réalisateur, dont le dernier film (L'École buissonnière) est sorti en octobre 2017, avait déjà été visé par une polémique en 2014, lorsque l'État avait ordonné l'évacuation de tous les chiens de son domaine dédié aux activités nature dans la Drôme, après une mise en demeure sur les conditions d'hygiène et de sécurité. L'explorateur vedette avait alors qualifié de "grotesques" les accusations faisant état d'un très mauvais état sanitaire de ses chiens.