Ne pas vivre une enfance malheureuse comme une fatalité, tel est le choix qu'a fait François Cluzet. Si tout le monde voit aujourd'hui en lui un acteur à succès épanoui, il n'a pas toujours souri à la vie. C'est ce "long chemin" pour se "défaire des oripeaux" de son enfance que le comédien de 61 ans raconte dans une longue interview accordée au magazine Psychologies.
François Cluzet revient sur le début de son existence, qu'il vécu comme fardeau à cause de son père décédé il y a trois ans. "J'étais un enfant malheureux parce que écrasé sous la dépression de mon père. Depuis que ma mère l'avait quitté pour un autre, il nous instrumentalisait dans sa douleur, se servant de nous pour tenter d'apitoyer et de faire revenir celle qu'il aimait", confie l'acteur. Il s'est très vite qu'il dit qu'il ne voulait pas de cette vie, de "cette misère affective".
C'est à l'âge de 13 ans, après une soirée passée au théâtre en famille, que François Cluzet comprend que le métier d'acteur et la célébrité pourraient lui permettre de "combler le manque d'affection". "La scène a été mon premier pilier de résilience. Grâce à elle, j'ai commencé à pouvoir envisager de me construire 'moi', indépendamment de mon père et de mon frère", admet-il.
François Cluzet était habitué depuis longtemps à se faire passer pour quelqu'un d'autre. Il a hérité "cette capacité au mensonge" de sa grand-mère qui n'acceptait pas sa condition. "Je pouvais facilement me faire passer pour quelqu'un de la haute. Sauf qu'en faisant du théâtre j'ai compris que je devais devenir sincère", poursuit-il.
J'ai pris quelques mauvais détours
Face à cette nouvelle vie qui s'offrait à lui, François Cluzet a choisi de jouer la carte de l'ivresse et des nuits enivrées. "J'ai pris quelques mauvais détours... Quand j'ai vu que je pouvais avoir du succès, j'ai décidé de m'amuser. Pour avoir la jeunesse qui m'avait manqué. L'alcool et les nuits qui se terminent en bagarres, c'était ma manière de m'offrir l'insouciance", se souvient-il. Puis il a pris conscience que sa carrière ne décollerait pas vraiment sans une vie sérieuse. "Du jour au lendemain, j'ai arrêté la fête et je suis passé à l'eau, pendant quatorze ans", une décision qui a très vite porté ses fruits puisqu'il est aujourd'hui associé à des succès comme Ne le dis à personne de Guillaume Canet, Les Petits Mouchoirs, également réalisé par le compagnon de Marion Cotillard ou encore Intouchables avec Omar Sy.
J'avais un mal fou à aimer
Mais devenir acteur n'a pas suffi à le libérer de son enfance traumatisante. Pour aller au bout des choses, François Cluzet a commencé une analyse. "Malgré le succès, je me sentais sous une chape de plomb. J'avais un mal fou à profiter de la vie et, surtout, à aimer", avoue-t-il avec honnêteté.
La vie amoureuse de l'acteur a pourtant été bien remplie. Papa de quatre enfants, François Cluzet a d'abord été marié à Chantal Perrin (avec qui il a eu une fille prénommée Blanche aujourd'hui âgée de 32 ans). Il a ensuite vécu une histoire avec la disparue Marie Trintignant qui lui a donné un fils, Paul, aujourd'hui âgé de 23 ans. Il s'est ensuite mis en couple avec Valérie Bonneton (Fais pas ci, Fais pas ça), avec qui il a eu deux enfants, Joseph (15 ans) et Marguerite (10 ans), et dont il s'est séparé quelques jours après la sortie des Petits Mouchoirs. François Cluzet est marié depuis juillet 2011 avec Narjiss Slaoui-Falcoz, ancienne directrice de la communication du Carlton de Cannes.
Lorsqu'il évoque sa mère, à qui il n'en a jamais voulu, l'acteur avoue avoir pris la même décision qu'elle, casser son couple pour être plus heureux. "J'ai d'ailleurs fait comme elle plus tard, en refusant de rester dans un couple qui ne marchait plus sous prétexte qu'il y avait un enfant. Elle m'a appris que le choix de l'amour est toujours le meilleur", confie-t-il, sans préciser à quelle relation il fait ici référence.
Actuellement en tournage avec Nicolas Vanier pour son film L'École buissonnière attendu courant 2017, François Cluzet sera à l'affiche de La Mécanique de l'ombre de Thomas Kruithof le 11 janvier prochain.
Olivia Maunoury
L'intégralité de l'interview de François Cluzet est à retrouver dans le numéro de janvier 2017 de Psychologies.