Entre prendre un virage et prendre la vague, pour Pearl Jam, il n'y a pas de différence. Avec Backspacer, son dernier album, court et intense, paru en 2009, le groupe de Seattle avait l'espoir d'offrir une réalisation qui "sonne d'une manière radicalement différente des précédentes".
Energique, concentré et décomplexé, Backspacer, premier opus du band dont les textes sont intégralement signés du frontmanEddie Vedderdepuis Vitalogy (1994), a atteint cet objectif avec un bel équilibre positif et une dimension que le bassiste Jeff Ament lie volontiers au travail d'Eddie sur la bande originale du must-see Into the Wild (Vedder signait en 2007 la B.O. du chef d'oeuvre de Sean Penn... après avoir composé 12 ans plus tôt celle de Dead Man Walking, dont le principal protagoniste n'était autre que... Sean Penn) : "Il y a pas mal de bonnes choses qu'Eddie a amenées, et qui ont pu être de vraies inspirations pour nous. Quelle que soit la vague qu'Ed a prise avec la bande originale d'Into the wild, elle l'a conduit vers de nouveaux horizons".
Alors que Pearl Jam surfe sur ces courants nouveaux pour franchir le cap des 20 ans d'existence, la métaphore de la vague de Jeff Ament prend tout son sens avec le nouveau single extrait de Backspacer : après l'engageant The Fixer et Got some/Just Breathe, on découvrait il y a quelques semaines Amongst the wave (littéralement Au milieu des vagues), un titre qui travaille de façon transcendante et volontiers sentimentale la thématique vitale dans une longue métaphore aquatique. Ou comment surnager et surfer vers le bonheur malgré la houle tumultueuse... Avec ce leitmotiv : "Mieux vaut trop fort que trop tard".
Fidèle à son parcours régulièrement militant et ses engagements multiples (politiques, sociaux, pour la sensibilisation à la maladie de Crohn dont le guitariste Mike McCready était atteint, pour la protection de l'environnement, concerts caritatifs, etc.), le groupe vedette a choisi d'illustrer Amongst the waves avec un clip simple et puissant, signé Ryan Thomas et Brendan Canty, qui s'empare de la catastrophe écologique du moment : la marée noire qui a atteint les côtes américaines.
Un vrai clin d'oeil quand on sait que le groupe a été notoirement réfractaire à certaines pratiques commerciales telles que... le clipage de ses morceaux ! La vidéo, réalisée à partir d'extraits de concerts et de séquences en mer (entre surf en eaux pures et oiseaux mazoutés), verra les bénéfices issus de sa vente sur iTunes reversés à un organisme de protection des espaces marins.
Quant à Pearl Jam, il ajoute cette opération à la liste de ses chantiers pro-environnementaux : en 2009, par exemple, les stars du rock avaient donné 210 000 dollars pour la plantation d'arbres dans l'Etat de Washington en compensation de leur empreinte carbone générée par la tournée Backspacer tour. Parallèlement à la parution du clip de Amongst the wave, Vedder et ses acolytes ont lancé sur leur site une page dédiée aux océans, avec une charte de contributions à leur préservation...