Vendredi 17 décembre 2010, Laurent de Villiers, fils cadet de Philippe de Villiers, s'est insurgé : son frère Guillaume de Villiers, contre qui il a déposé plainte pour des viols commis sur sa personne entre janvier 1995 et décembre 1996 (voir le détail ici), ne sera pas renvoyé devant la cour d'assises des mineurs, sur décision de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Versailles. Estimant les charges insuffisantes contre l'accusé, la justice a tranché en faveur d'un non-lieu. Un verdict injuste pour le plaignant, qui avait annoncé avant l'audience qu'il changerait de nom de famille si tel était le cas. Son avocat souhaiterait, si son client est d'accord, former un pourvoi en cassation.
Le lendemain, 18 décembre, Philippe de Villiers, silencieux depuis des mois, a accepté de s'exprimer en exclusivité quant à cette affaire, dans les colonnes du Point.
Son calvaire
S'il avait confié en 2006 être la victime d'une "manipulation ignominieuse", le président-fondateur du Mouvement pour la France (MPF) a déclaré qu'il s'apparentait à "un mort-vivant", depuis le fameux jour où l'affaire de famille dans laquelle il est plongé a été révélée par les médias. "J'ai vécu une tragédie. Depuis quatre ans, qu'est-ce que je fais ? Je fais le tour de ma maison quatre heures par jour en pleurant. Puis je mets un bonnet, je prends ma voiture et je vais sur la plage."
Également anéanti par la récente trahison de Bruno Retailleau, son ancien bras droit avec lequel il est en conflit (ce pourquoi il a démissionné du conseil général de Vendée, dont il était président), il a confié : "J'ai frôlé la mort avec mon cancer de l'oeil. J'en suis guéri... malheureusement ! J'aurais préféré mourir." Des propos terribles, qu'il assume et étoffe avec sa version (une version que son fils Laurent a découverte, sans doute avec stupeur...) de la sordide histoire d'inceste révélée par Laurent de Villiers.
Sa vérité
Selon lui, le récit poignant étalé dans la presse par son fils n'est qu'une invention destinée à se venger d'un père qui lui avait ordonné de gagner sa vie seul. A propos de la pièce à conviction, un mail envoyé par Guillaume à Laurent dans lequel il s'excuse d'un acte, en couchant sur la papier la phrase : "Ce que tu as subi par moi est grave", il a affirmé que Guillaume s'excusait simplement que son frère l'ait surpris en train de se masturber devant un film pornographique. Selon lui, il n'est pas question de viol. "Une gaminerie d'adolescent", a-t-il confié.
Toujours marié à son épouse Dominique (ils ont en tout sept enfants), il a démenti que cette dernière l'ait un jour quitté, ajoutant qu'il avait déposé cinquante-cinq plaintes à l'encontre des médias pour diffamation. Poursuivant son récit, il a expliqué que Laurent lui avait avoué avoir menti : "Il me dit qu'il voulait me faire arrêter la politique. Je le prends dans mes bras. Pendant cinq heures, je lui explique que ce qu'il a fait est monstrueux."
Si Laurent a toujours raconté que début juin 2007, sur les lieux mêmes des supposées agressions, les deux frères s'étaient retrouvés ("Guillaume est tombé en pleurs à genoux et m'a demandé pardon. J'ai parlé à mes proches, un par un, je suis parti aux Etats-Unis, soulagé"), la version de Philippe de Villiers est toute autre. "C'est l'inverse de ce qu'il a prétendu : c'est lui qui a demandé pardon à chacun d'entre nous et qui a écrit un mot à Guillaume, qui n'était pas là", a-t-il démenti.
A propos de ce qu'il qualifie de mensonges, l'homme politique a précisé : "Laurent m'a vu écrire tant de scénarii ! Je lui disais toujours : 'Ce qui compte, c'est le détail.' Il a agrémenté son récit d'un luxe infini de détails. Il est allé jusqu'à dire que Guillaume éjaculait dans des mouchoirs rouges de Cholet ! C'est un génie !"
Pour conclure, celui qui travaille actuellement à l'écriture d'un film sur Charette a confié : "Maintenant, j'ai compris ce que veut dire déréliction. Je suis brisé à vie. Tout est déchiré. Je sais qu'un jour il nous faudra pardonner à Laurent..."
L'interview confession de Philippe de Villiers ne va certes pas arranger les choses... mais sont-elles arrangeables ?
Laureline Reygner