Pour sa 6e édition, le Pitchfork Music Festival parisien avait frappé fort en invitant M.I.A. pour l'une des deux dates en Europe de l'artiste britannico-tamoule. La chanteuse de 41 ans a clôturé trois jours de festivités dans le cadre historique de la Grande Halle de La Villette en servant, devant une flopée de VIP (Izia Higelin, Christine & The Queens, Mademoiselle K...) un set endiablé, entre anciennes compositions, tubes incontournables (Bad Girls, Paper Planes) et un large éventail de son dernier album, le très engagé AIM, avec notamment les très efficaces Go Off et Borders. Jouant devant une haute grille symbolisant les murs de fer qui empêchent les migrants de rêver à un avenir loin de la guerre qu'ils ont fuit, M.I.A. n'aura pas servi le concert politique et irrévérencieux que ses fans attendaient – aucune référence, par exemple, au récent démantèlement de la jungle de Calais. S'affichant presque lasse, elle a terminé son set au bout d'une petite heure, laissant bon nombre de spectateurs, massés devant la Pink Stage, sur leur faim.
Avant la star du Pitchfork, d'autres artistes ont tiré leur épingle du jeu dans une programmation aussi éclectique que pointue. Samedi 29 octobre, on aura par exemple largement apprécié le rock nerveux et crade des jeunes Londoniens de Shame et la maestria d'Abra, une talentueuse autodidacte venue d'Atlanta qui a aimanté les regards, seule sur scène.
Le P4K Paris, comme le festival est surnommé, avait commencé dans la semaine par deux soirées d'Avant-Garde où étaient célébrés des groupes ou chanteurs d'avenir. Alex Cameron y a fait l'unanimité et d'autres, comme Alyss ou Cameron AG, s'y sont révélés. Jeudi, rendez-vous était donné à La Villette pour le début de l'événement principal. Au terme d'une première soirée un peu trop calme, Chet Faker aura tout de même bien électrisé la Grande Halle. Vendredi, c'est Bat for Lashes, emmené par sa sublime chanteuse Natasha Khan, qui a envoûté le public parisien. Juste après les Britanniques, le Norvégien Todd Terje a fait danser le Pitchfork avec son groupe The Olsens, servant l'un des concerts les plus appréciés de cette édition 2016 également marquée d'une affluence en berne et un public boudeur. Julien Catala, codirecteur du festival notamment financé par le magazine américain Pitchfork, croit avoir mis le doigt sur une cause : "Malheureusement, cette année nous devrions accueillir 80% d'étrangers en moins, principalement en raison de la peur des attentats", déclarait-il à L'Express en marge de l'événement. Pas de quoi ternir la fête et empêcher les festivaliers de danser jusqu'au bout de la nuit entre samedi et dimanche, avec les performances d'Acid Arab ou Tale of Us.