Que de chemin parcouru pour la comédienne Reem Kherici. Elle ne se destinait pas à jouer la comédie, débutant à la radio en 2002 sur Fun Radio, avant d'animer en 2003, l'émission de télévision Les Filles du week-end sur Fun TV, chaîne sur laquelle elle rencontre Philippe Lacheau, alias Fifi. Avec lui, elle fera partie de la bande à Fifi qui apparaîtra au Grand Journal de Canal+ en 2005. Aujourd'hui, c'est seule et déterminée qu'elle présente son "bébé", sa première réalisation, Paris à tout prix. A cette occasion, Purepeople.com a rencontré l'actrice et réalisatrice pour une interview en toute décontraction, où elle abordera son travail comme sa relation avec Stéphane Rousseau, l'humoriste et comédien québécois.
Un sujet fort
Paris à tout prix est une comédie qui se déroule dans un cadre délicat : le renvoi des étrangers à la frontière. Reem Kherici incarne Maya qui, lors d'un simple contrôle policier, découvre que son titre de séjour a expiré depuis bien longtemps. Elle est alors renvoyée dans son pays, le Maroc, alors qu'elle s'apprêtait à préparer le défi de sa vie pour décrocher le job de ses rêves chez un styliste. Cette plongée marocaine va néanmoins lui ouvrir les yeux...
"Ce sujet me touche énormément en tant que pure parisienne qui aime son quartier, sa vie, tout ce qu'elle a construit. Ce serait dramatique si tout devait s'arrêter d'un coup. C'est un sujet fort, intéressant et en plus d'actualité. Je voulais m'amuser en mettant en scène un personnage maladroit et farfelu. Je voulais rire des clichés que les Européens pouvaient avoir du Maroc et aussi des péripéties d'une jeune fille perchée sur ses hauts talons."
"S'aimer d'abord pour pouvoir être aimé par les autres"
Pour construire son personnage de Maya, Reem Kherici a utilisé son propre vécu sur beaucoup de points, même l'héroïne est très différente de ce qu'est l'actrice-réalisatrice : "Maya et moi sommes toutes les deux spontanées voire trop, gaffeuses. Elle a un amour pour la mode qui est similaire au mien. Au premier abord, elle pourrait passer pour une fille superficielle et sans relief alors qu'elle a des blessures qui la rendent touchante. Moi aussi j'ai des blessures comme Maya, j'ai des rapports très compliqués avec mon père. Mais c'est ce qui nous construit et ce qui m'a donné de l'inspiration." N'ayant pas beaucoup de rapport avec sa famille paternelle vivant en Tunisie, Reem Kherici ne retourne pas "au bled" comme son héroïne, mais elle avoue avoir un décalage naturel entre sa vie de citadine et d'autres contrées : "Il faut s'habituer à certains modes et rythmes de vie qui agacent au début et deviennent intéressants après."
Comme Maya qui doit se faire une place dans la mode, Reem Kherici a dû s'imposer dans le cinéma : "Faire sa place, c'est déjà énorme, durer encore plus. Ça prend son temps, les places sont rares, il y a de la jalousie, les acteurs sont mis en concurrence. C'est un métier douloureux, il faut être bien armé mentalement. Je pense que dans ces milieux, mode ou cinéma, il faut peut-être – et c'est très dur ce que je dis – s'aimer d'abord pour pouvoir être aimé par les autres. C'est le cas de Maya, elle se découvre, elle découvre qui elle est et c'est là qu'elle arrive à créer quelque chose de vrai, qui lui ressemble."S'entourer des meilleurs
Pour ses débuts de réalisatrice, Reem Kherici a eu le grand bonheur de travailler avec Florence Foresti, guest star truculente dans Paris à tout prix : "Je suis sa fan n°1. J'ai une énorme admiration pour elle. Un de mes rêves c'était de pouvoir l'avoir dans mon film en clin d'oeil. Je savais qu'elle n'aurait pas beaucoup de temps, donc je lui ai écrit un rôle sur mesure avec un timing qui lui correspond. On a tourné de jour, même si ça se passe la nuit, de manière qu'elle soit disponible. J'ai écrit un personnage qui est efficace tout de suite. Et Florence étant une excellente comédienne elle nous a emballé ça en deux temps trois mouvements et je lui en suis énormément reconnaissante."
Avec son film, Reem Kherici a travaillé avec des amis, Fifi alias Philippe Lacheau, Tarek Boudali, Shirley Bousquet et Stéphane Rousseau. Ce dernier, son amoureux à la ville, joue un styliste très strict, tendance odieuse, qui se révèlera être néanmoins un homme qui sait voir le talent où il est. Comment s'est passé la collaboration avec l'homme qu'elle aime ? "Il sait rester à sa place, il est très professionnel. Dans le cinéma, il y a une hiérarchie, je suis la réalisatrice. Si je lui demande d'improviser il le fait, mais il était là au même titre que tous les autres comédiens. Lui plus que tous les autres ne voulait pas faire de l'ingérence. Il a beaucoup d'admiration pour ma démarche et il la respecte beaucoup. On est dans un respect mutuel qui fonctionne très bien. Comme avec tous les autres comédiens."A la ville et à l'écran
Reem Kherici et Stéphane Rousseau ont tourné ensemble dans la comédie déjantée de Michaël Youn, Fatal. Les deux acteurs filent le parfait amour, éclatant sur le tapis rouge du dernier Festival de Cannes. Vivre avec un acteur pour Reem Kherici ? "On a des avantages et des inconvénients. On accepte nos emplois du temps mutuel. Ça nous arrive à l'un ou à l'autre de pas être disponible. C'est super de pouvoir faire à table un brainstorming, car on est tous les deux auteurs, on est dans l'humour. Lui comme moi, nous ne sommes pas narcissiques. On fait un métier qu'on aime. De temps en temps on a des emplois du temps qui nous empêchent de nous voir. Là il est en tournage au Canada. J'ai envie de tourner de nouveau avec lui, tous les films que je ferais, dans la mesure du possible, je m'entourerais toujours de mes amis, Stéphane, Fifi, Tarek, Shirley. Cette amitié se ressent dans le film. On est des potes mais on reste professionnels."
De ''bimbo'' à réalisatrice
Samya Yakoubaly
"Paris à tout prix", en salles le 17 juillet
Interview exclusive, ne pas reprendre sans la mention Purepeople.com