Cela démarre comme une supplique, une demande un peu désespérée et teintée d'ironie : "Allez les gars, encore un petit effort. Depuis vingt-neuf ans que vous me laissez être le dernier Français à avoir gagné Roland-Garros, ce serait vraiment salaud de votre part de me priver de mon 30e anniversaire, en mai 2013."
Ces mots, ce sont ceux de Yannick Noah, dernier français à avoir triomphé à Roland Garros en 1983. Alors oui, à un an de son anniversaire qui célèbrera les trente ans de sa victoire, Yannick Noah souhaiterait bien être le dernier... Sauf que. Quelques lignes plus tard, il avoue qu'il ne "serait pas mécontent de passer le flambeau".
Trente ans sans victoires tricolores durant les internationaux français, le temps commence à être long. Alors Yannick Noah s'est fendu d'une petite tribune sur le site du Monde, comme il l'avait déjà fait lorsqu'il avait évoqué le dopage chez les sportifs espagnols, provoquant un tollé de l'autre côté des Pyrénées. Mais cette fois-ci, point de polémique. L'ancien tennisman devenu chanteur s'adresse aux meilleurs joueurs français, Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils, malheureusement forfait, ou encore Gilles Simon.
S'il reconnaît qu'il leur sera difficile de remporter le tournoi, du fait de la présence des trois monstres que sont Novak Djokovic, Rafael Nadal et Roger Federer, il les pousse à passer en mode guerrier et à se voir vainqueur du tournoi. "Pour s'imposer dans un Grand Chelem, il faut d'abord se voir dans la peau du vainqueur. Il faut se préparer mentalement et physiquement à aller jusqu'au bout et s'organiser en conséquence," écrit-il, précisant que durant les deux mois qui avaient précédé sa victoire, il s'était consacré à la terre battue, avant de s'enfermer huit jours avec son coach et son kiné : "Je tournais au steak-salade-tennis. Six heures d'entraînement tous les jours, plus le jogging, plus les séances physiques dans la salle de gym que j'avais installée."
Yannick Noah met ainsi en exergue le manque de préparation des tricolores, qu'il soit physique ou mental, lors de leur arrivée à Roland Garros. Comme si leur sort était immuable. "J'étais en pleine confiance, je n'avais peur de personne. Tous les gars, je les avais déjà vaincus sur terre battue les semaines précédentes. Ce n'est pas forcément le cas des meilleurs joueurs français actuels qui, contrairement à moi, ne jouent pas leur meilleur tennis sur terre," poursuit-il.
Pour autant, il encourage les français engagés sur le circuit à ne pas bouder leur plaisir de se produire sur le court Central devant 15 000 spectateurs, et ces derniers à ne pas bouder les tricolores issus des qualifications qui jouent sur les courts annexes.
Un cri du coeur comme une sonnette d'alarme, cette tribune de Yannick Noah aura le mérite de les faire réagir, pour se préparer de la meilleure des façons dans un avenir proche, avec comme rêve voir un tricolore faire tomber un Nadal à la recherche de son septième titre sur la terre battue de la porte d'Auteuil...