En publiant la tribune de Yannick Noah dans ses pages, le quotidien Le Monde s'attendait-il à une telle levée de boucliers en France comme en Espagne ?
Vendredi 18 novembre, Le Monde publiait un papier intitulé "La Potion Magique" dans lequel Yannick Noah justifiait les excellents résultats des équipes et sportifs espagnols par le recours au dopage, allant même jusqu'à demander la légalisation de celui-ci afin que tout le monde puisse être sur un pied d'égalité... Il visait ainsi l'équipe nationale de football, championne du monde et d'Europe en titre, de basket, double championne d'Europe en titre, les cyclistes espagnols ou les joueurs de tennis ibères qui squattent le Top 10 mondial.
Une sortie que n'a pas manqué de fustiger le ministre des Sports David Douillet, qui s'en était déjà pris à la personnalité préférée des français par le passé. Mais outre les réactions des sportifs français, cette tribune a également provoqué de nombreuses réactions du côté de l'Espagne.
C'est tout d'abord Pep Guardiola, l'entraîneur du FC Barcelone qui a tenu à réagir aux propos de l'ancien vainqueur de Roland Garros. "Que ce monsieur présente des preuves, ou quiconque d'ailleurs. Sinon, qu'il se taise" a-t-il ainsi commenté d'un ton sec les déclarations de Yannick Noah après la victoire de son équipe 4-0 sur Saragosse samedi 20 novembre.
Autre réaction, celle du champion Rafael Nadal, actuellement à Londres pour y disputer le Masters. Un Rafael Nadal très remonté, lui qui domine outrageusement la terre battue et le tournoi de Roland Garros avec six victoires sur la terre parisienne : "Ce qu'il a dit est complètement stupide. C'est stupide car on sait le nombre de contrôles antidopage que nous subissons dans le sport aujourd'hui. Selon moi, ce sont des propos dignes d'un petit enfant. Cela ne me fait donc pas mal."
L'actuel numéro 2 mondial qui s'est difficilement imposé pour son premier match face à Mardy Fish (6-2, 3-6, 7-6[3]) a reconnu que Jo-Wilfried Tsonga et Michaël Llodra étaient venu s'excuser pour le tort causé par Yannick Noah. "J'apprécie leur geste, mais ils n'avaient pas à s'excuser car ce n'est pas leur faute. C'est la faute de cette personne qui n'est peut-être pas suffisamment informée. Mais dans ce cas-là, il ne faut pas écrire un article dans un journal" a-t-il déclaré. "L'Espagne est au sommet du sport parce qu'elle a une génération fantastique. Ce qui compte, c'est l'effort, le travail et l'envie de progresser. Nous ne bénéficions pas des mêmes installations qu'en France et pourtant, depuis vingt ans, nous sommes meilleurs qu'eux" a-t-il ajouté.
Le Monde n'en est pas à son premier coup d'éclat en matière de dopage impliquant l'Espagne. Le quotidien avait déjà en 2006 souligné les relations entre le FC Barcelone et le Real Madrid et le docteur Fuentes, un médecin impliqué dans une vaste histoire de dopage baptisée l'affaire Puerto. Au mois de novembre 2011, Le Monde avait été condamné à une amende de 15 000 euros par le Tribunal Suprême espagnol, confirmant ainsi une première décision de l'Audience provinciale de Barcelone, arguant du fait que "le journal avait utilisé des données inconsistantes et non contrastées".