A quatre reprises, Jo-Wilfried Tsonga aurait pu réaliser l'exploit en dominant le numéro 1 mondial et accéder à sa première demi-finale de Roland-Garros. Mais à chaque fois, Novak Djokovic aura su sauver ces balles de match que les supporters présents dans les travées auraient bien aimé voir validées.
Car si le Manceau ne croyait pas en ses chances en entrant sur le terrain, balayé 6-1 lors du premier set, le public y croyait, lui. Si bien que Jo retrouvait son tennis et bousculait un Nole surpris de l'opposition soudaine qui se dressait face à lui. Deux sets plus tard et une balle de match à jouer, la victoire pointait le bout de son nez dans le camp tricolore. Novak Djokovic semblait à la peine, incapable de trouver la solution. Jo-Wilfried Tsonga déroulait et l'on sentait le Français en confiance, capable de cet exploit tant attendu face au numéro 1.
Mais hier soir, sur le court Philippe-Chatrier, il manquait ce petit quelque chose qui aurait pu, qui aurait dû permettre à Jo-Wilfried Tsonga de s'offrir une demi-finale devant son public face à Roger Federer revenu du diable vauvert face à Juan Martin del Potro. Djokovic se sortait de ce bourbier et en glanant le quatrième set au tie-break, on sentait que le Français avait laissé passer sa chance. Résultat, un cinglant 6-1 pour mettre un terme à un combat de plus de quatre heures.
Chez Jo, c'est bien évidemment la déception qui régnait, lui qui est resté plusieurs minutes prostré sur sa chaise, la tête cachée sous sa serviette. "Être aussi proche de la victoire et perdre, c'est frustrant et décevant. J'aurais bien pris cette petite demi à Roland-Garros. C'est forcément douloureux. Maintenant, je peux me regarder dans la glace en sortant de ce match. Je me suis battu, j'ai tout donné et je suis allé au bout. Malheureusement, je n'avais plus rien dans les jambes à la fin", a confié Jo-Wilfried Tsonga dans les colonnes de l'Équipe.
Une défaite qu'il juge comme la plus difficile de sa carrière, mais dont il tire quelques enseignements qui pourraient lui être bénéfiques dans le futur : "Là, en étant tout près de battre sur le Central un spécialiste de la terre battue, je me dis que je peux aller chercher une victoire en Grand Chelem. Peut-être pas ici, mais à Wimbledon ou autre part." Un brin fataliste, le Français espérait bien changer son destin à force de travail. "Il y a des joueurs qui gagnent tout le temps, et moi, je fais partie de ceux qui perdent tout le temps. De ceux qui connaissent de très fréquentes déceptions. J'espère seulement ne pas lâcher pour, la prochaine fois, aller chercher des matchs comme ça", déclare-t-il.
Du côté du Serbe, on reconnaissait que le match avait été difficile sans pouvoir réellement expliquer le pourquoi du comment : "À ce niveau de tennis, c'est beaucoup dans la tête. Il y a énormément d'émotion. Quand vous jouez les très grands joueurs, un joueur soutenu de manière incroyable par son public, il faut faire face à tout cela. (...) Ce sont deux ou trois points ici et là qui décident du vainqueur et cela a été le cas. S'il avait gagné, il aurait bien entendu mérité de gagner, cela ne fait aucun doute. Mais c'est le sport. Il n'y a aucune explication rationnelle ni de mots qui puissent décrire ce que vous êtes censé faire quand vous avez une balle de match contre vous. Il faut essayer d'être fort mentalement et croire en ses coups. Depuis cinq ou six ans, j'ai l'expérience de ce genre de match. J'ai joué mes coups, je suis heureux d'avoir su être agressif à ces moments-là parce que cela a payé."
Un match qui restera dans les mémoires pour le combat offert par les deux hommes, le soutien du public qui réveilla un Tsonga amorphe, et la résistance d'un Djokovic impressionnant de calme et de maîtrise. Assurément l'un des plus beaux moments de cette quinzaine, une fois de plus offert par un Tricolore après la victoire de Virginie Razzano sur Serena Williams et les adieux d'Arnaud Clément...