Roman Polanski prend enfin la parole : "Je ne peux plus me taire" ! La justice suisse... botte en touche ! (réactualisé)
Publié le 3 mai 2010 à 16:45
Par Mimi M.
Roman Polanski Roman Polanski© Angeli
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Réactualisation du 3 mai 16h05 : Suite au communiqué de Roman Polanski dénonçant son extradiction "basée sur un mensonge", un porte-parole du ministère suisse de la justice vient de répondre en... bottant en touche ! "Il incombe aux autorités américaines d'examiner" les accusations de Roman Polanski, selon qui la demande d'extradition est basée sur un mensonge", a déclaré Folco Galli, le porte- parole habituel.

Tous les recours du réalisateur ont été rejetés par la justice américaine et c'est maintenant au ministère suisse de la justice de décider ou non si Polanski peut être extradé. Or, les propos de Folco Galli sont assez clairs : "Selon le traité d'extradition entre la Suisse et les Etats-Unis et selon la jurisprudence du Tribunal fédéral, ce qui est déterminant, c'est l'exposition des faits dans la demande formelle d'extradition". Clairs et même... inquiétants, quand il ajoute : "Et selon cette demande, les choses sont claires : dans cette procédure, Roman Polanski s'est déclaré coupable et il est recherché par les autorités américaines. Il incombe aux autorités américaines d'examiner les points critiqués par Polanski". Il conclu par : "La décision de la Suisse est "pendante": Elle sera d'abord notifiée à Polanski et cette décision ne sera pas exécutoire, Polanski pourra faire appel". Mouais...

Si on veut décrypter le language diplomatique du porte-parole c'est : ce que dit Polanski dans son communiqué ne nous concerne pas, il s'est lui-même déclaré coupable, il est recherché par la justice américaine, que les point critiqués par le réalisateur soient examinés par eux, nous on appliquera le traité d'extradition quand tous les recours seront terminés ! Du moins, c'est ce que les déclarations laisseraient penser, sans être alarmistes !

 

le 2 mai 22h :Roman Polanski vient de briser le silence dans lequel il avait choisi de s'enfermer suite à son arrestation le 26 septembre 2009 à Zurich. Il dénonce une extradition "basée sur un mensonge".

Pour rappel, le réalisateur est impliqué dans une affaire de moeurs depuis plus de trente ans, et est actuellement assigné à résidence dans son chalet en Suisse à Gstaad, après avoir été arrêté à Zurich par mandat extraditionnel en septembre 2009. Accusé de relations sexuelles illégales avec une mineure aux Etats-Unis en 1977 (il avait plaidé coupable), Polanski, qui a fui depuis les Etats-Unis, espérait être jugé par contumace, c'est-à-dire sans avoir à se rendre en Amérique pour assister à son procès. Toutefois, la cour d'appel du second district de Californie a statué sur cette demande et l'a rejetée le 23 avril.

C'est la seconde fois qu'une telle requête lui a été refusée. De plus, cette cour d'appel a rejeté également une nouvelle demande de la victime Samantha Geimer, aujourd'hui mère de famille quadragénaire, d'abandonner les poursuites. Elle souhaitait mettre fin à cette histoire qui hante sa vie depuis plus de trois décennies et se sent désormais victime du système judiciaire. Cependant, la justice américaine estime que Samantha Geimer n'a aucune légitimité, même en tant que victime, pour "dicter le cours d'une affaire criminelle".

Le 28 avril, la Suisse a été officiellement informée du rejet par la justice américaine de cette demande de jugement par contumace de Roman Polanski. "Oui nous avons reçu la décision" a indiqué à l'AFP Folco Galli, le porte parole du ministère de la justice suisse. Ce dernier n'a pas été en mesure d'indiquer le temps nécessaire pour que les autorités de son pays décident du sort du réalisateur. Comme nous vous l'indiquions, si la Suisse décide de l'extrader, Polanski, 76 ans, aura la possibilité de déposer un premier recours devant le Tribunal pénal fédéral dans un délai de 30 jours. Les autorités suisses avaient déjà averti que la procédure, compte tenu des différents recours suceptibles d'être engagés par le cinéaste ou les autorités américaines, pourraient prendre jusqu'à un an... Les avocats du réalisateurs vont se battre bec et ongles jusqu'au bout pour qu'une pareille chose n'arrive pas.

Aujourd'hui Roman Polanski a décidé de sortir de son silence et a confié à son ami Bernard-Henri Lévy , directeur de La Règle du jeu - cliquez ici -, un communiqué dont nous vous proposons le texte ci-dessous, en intégralité :

"Depuis 7 mois, le 26 septembre 2009, date de mon arrestation à l'aéroport de Zurich où je me rendais pour recevoir des mains du représentant du Ministère de la Culture Suisse un hommage pour l'ensemble de mon travail, je n'ai pas souhaité m'exprimer et j'ai demandé à mes avocats de limiter leurs commentaires à l'indispensable. Je voulais que les Autorités Judiciaires de Suisse et des États-Unis ainsi que mes avocats puissent faire leur travail sans polémique de ma part. J'ai décidé de rompre le silence pour m'adresser directement à vous sans intermédiaires et avec mes propres mots. Comme chacun d'entre nous j'ai eu, dans ma vie, ma part de drames et de joies et je ne vais pas essayer de vous demander de vous apitoyer sur mon sort, je demande seulement d'être traité comme tout le monde. C'est vrai : il y a 33 ans j'ai plaidé coupable, j'ai exécuté une peine à la prison de droits communs de Chino, pas dans une prison de VIP, qui devait couvrir la totalité de ma condamnation. A ma sortie de prison le juge a changé d'avis et a prétendu que le temps passé à Chino n'était pas l'exécution intégrale de ma condamnation et c'est ce revirement qui a justifié mon départ des États-Unis. Cette affaire a été sortie de sa torpeur de trente ans par une cinéaste qui a voulu faire un documentaire et qui a recueilli les témoignages des personnes concernées à l'époque sans que je ne participe ni de près ni de loin à ce travail. Ce documentaire a mis en lumière le fait que j'avais quitté les États-Unis parce que je n'avais pas été traité équitablement ; et il a, aussi, déclenché la vindicte des autorités judiciaires de Los Angeles qui se sont senties attaquées et ont décidé de demander mon extradition à la Suisse où je me rends régulièrement depuis plus de trente ans, sans jamais avoir été inquiété. Aujourd'hui je ne peux plus me taire ! Je ne peux plus me taire parce que les Autorités judiciaires Américaines viennent de décider, au mépris de tous les arguments et dépositions de tierces personnes, de ne pas accepter de me juger hors ma présence, alors que la même Cour d'appel avait recommandé le contraire. Je ne peux plus me taire car la victime a été déboutée par la Cour de Californie dans sa énième demande d'arrêter, une fois pour toutes, les poursuites à mon égard et pour cesser d'être harcelée chaque fois que l'on reparle de cette affaire. Je ne peux plus me taire car mon affaire vient de connaître un énorme rebondissement : le 26 Février dernier Roger Gunson le procureur chargé de l'affaire en 1977, aujourd'hui à la retraite, a déclaré sous serment devant le juge Mary Lou Villar, en présence de David Walgren, le procureur actuel qui avait tout loisir de le contredire et de l'interroger, que le 19 Septembre 1977 le juge Rittenband (décédé depuis NDLR) avait déclaré à toutes les parties que ma peine de prison au pénitencier de Chino correspondrait à la totalité de la peine que j'aurais à exécuter. Je ne peux plus me taire car la demande d'extradition aux Autorités Suisses est basée sur un mensonge : dans cette même déposition le procureur Roger Gunson a ajouté qu'il était mensonger de prétendre, comme le fait l'actuel procureur dans sa demande d'extradition, que le temps passé à Chino a été un temps consacré à des examens psychologiques. Dans cette demande il est dit que je me suis enfui pour ne pas subir une condamnation de la justice Américaine ; or dans la procédure " plaider coupable " j'avais reconnu les faits et j'étais retourné aux États-Unis pour exécuter ma peine : il ne restait plus que de faire entériner cet accord par le Tribunal avant que le juge décide de renier l'accord pris pour se faire une notoriété médiatique à mes dépens. Je ne peux plus me taire car, depuis plus de 30 ans, ce sont mes avocats qui ne cessent de répéter que j'ai été trahi par le juge, que le juge s'est parjuré, et que j'ai exécuté ma peine ; aujourd'hui c'est le procureur de l'affaire, à la réputation irréprochable, qui sous la foi du serment, a confirmé tous mes dires et cela a une toute autre portée et projette sur cette affaire une tout autre lumière. Je ne peux plus me taire car aujourd'hui les mêmes causes produisent les mêmes effets et le nouveau procureur qui s'occupe de cette affaire et qui a demandé mon extradition est lui aussi en campagne électorale et a besoin de notoriété médiatique..! Je ne peux plus me taire parce que les États-Unis continuent de réclamer mon extradition plus pour me livrer en pâture aux médias du monde entier que pour prononcer un jugement sur lequel un accord a été pris il y a 33 ans. Je ne peux plus me taire parce que je suis assigné à résidence à Gstaad au prix du versement d'une très grosse caution que je n'ai pu recueillir qu'en hypothéquant l'appartement que j'habitais depuis plus de 30 ans, que je suis loin de ma famille et que je ne peux plus travailler. Voilà ce que j'avais à vous dire en restant dans l'espoir que la Suisse reconnaîtra qu'il n'y a pas lieu à extradition et que je pourrai retrouver la paix et ma famille en toute liberté dans mon pays.

Roman Polanski

Il a eu raison de faire ce communiqué, car il explique une chose très précise qui n'avait pas été relevée par les médias européens : La déposition du procureur Roger Gunson en charge de cette affaire en 1977 qui a confirmé sous serment ses dires. A contrario de la France ou d'autres pays, aux Etats-Unis les procureurs ne sont pas nommés par le gouvernement, mais sont élus par le peuple. Le procureur actuel a donc tout interêt vis à vis de ses électeurs à rester très rigide dans cette affaire et à vouloir, aux yeux de sa communauté, juger un homme en fuite pour avoir eu "des relations sexuelles avec une mineure de 13 ans"...

Roman Polanski n'est malheureusement pas prêt de voir le bout du tunnel, de recours en recours il va certes pouvoir reculer l'échéance... mais va-t-il pouvoir échapper à l'extradition ? La justice suisse a été très décriée d'avoir accepté de mettre en vigueur le mandat d'arrêt extraditionnel et des accords secrets entre la Suisse et les Etats-Unis avaient été soupçonnés par de nombreux médias.

Roman Polanski - qui a été primé à la Berlinale en février dernier pour son thriller The Ghost Writer - ne peut plus aujourd'hui travailler et est à bout de ressources. il est père de deux enfants et même si son épouse Emmanuelle Seigner le soutient de toutes ses forces, ainsi que de nombreux amis comme Woody Allen, Frédéric Mitterrand, Martin Scorcese et bien sûr Bernard-Henri Levy, il veut sortir de cette spirale infernale.

Affaire à suivre...

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